Cédric Rovère,
le personnage du film, réalisateur révéré
tendance cinéma d'auteur, vieil homme en bout de course mais
encore plein de malice et d'idées, c'est Eric Rohmer que
l'on voit à l'œuvre pour la fabrication de son dernier
film, l'adaptation d'un roman que l'on dit désuet... C'est
lui, et ce n'est pas lui. Car c'est aussi son interprète,
Michael Lonsdale, sa voix perchée, délicate, son sourire
inimitable, sa façon de mettre les gens en boîte avec
douceur, d'imposer ses choix avec fermeté mais sans brutalité,
tout en finesse... Face à ce monstre doux, il y a les jeunes
comédiens, la plupart d'entre eux en adéquation avec
le maître, pleins de respect et de déférence...
Et puis, parce que le film n'aurait sinon qu'un intérêt
documentaire limité, il y a un acteur qui ne connaît
pas cet univers, plus attiré par les poursuites en voiture
et les scénarios simplistes que par l'atmosphère très
culturelle de l'entourage de Rovère-Rohmer. Cet acteur, c'est
Jocelyn Quivrin, interprété par Pio Marmai . Et une
nouvelle fois, c'est lui, et ce n'est pas tout à fait lui.
Le scénario en fait un débutant dans le cinéma
(ce que Jocelyn Quivrin n'était pas au moment du tournage),
un ado attardé, sympathique certes mais tout de même
décrit à grand renfort de clichés sur les jeunes
incultes... La confrontation entre ces deux mondes opposés
est assez bien vue, génère pas mal d'humour et quelques
jolies émotions, malgré quelques facilités
et choses très attendues (la bluette réunissant les
deux mondes...). Au final, c'est tout de même un film plein
de fraîcheur et plutôt agréable à suivre.