Madre

Est-elle folle, cette mère qui regarde avec une intensité terrible un adolescent qu'elle a croisé ? Croit-elle reconnaître en lui l'enfant qu'elle a perdu, dix ans plus tôt ? Et lui, que cherche-t-il dans cette relation étrange qui se noue ? Les questions sont posées dans ces larges espaces de bord de mer, filmés en grand angle même au plus près des personnages, rajoutant de l'ambiguïté, avec une caméra très fluide, sans cesse dans un mouvement très lent, pouvant ainsi créer une impression hypnotique. Les frontières sont troubles, entre les apparences et ce qui est : la mère a une silhouette d'adolescente, l'enfant parle parfois comme un homme un peu trop sûr de lui, les parents de l'enfant naviguent entre une bienveillance presque forcée et une protection soudain effarante. La mise en scène absolument pas anodine suit ce trouble, parfois instaurant une atmosphère calme comme la douceur d'un soir de fin d'été, puis explosant et libérant des sentiments électriques, un alcool fort, des mots qui strient l'espace… Un sacré film, étrange et mystérieux, parsemé de quelques longueurs mais aussi de quelques extases visuelles, des regards, des frôlements, des tensions extrêmes. Marta Nieto, qui joue cette Madre, est surprenante, brindille fragile, fuyante et capable de fureurs, une vraie révélation.