Rien à voir avec Lucky
Luke. Lucky, c'est Harry Dean Stanton, l'homme énigmatique
qui sort du désert dans Paris Texas. Le réalisateur
a construit le personnage en empruntant beaucoup d'éléments
de la vie de l'acteur. Ici, pas d'histoire à proprement parler,
juste le quotidien très balisé d'un vieillard, véritable
énigme scientifique (un paquet de cigarettes par jour, voir
plus, et des poumons de jeune homme), mélange de bougonnerie
perpétuelle et de curiosité sur le monde qui l'entoure,
de près ou de loin. Un philosophe qui s'ignore, posant des
questions incongrues à ceux qu'il croise et qui le couvent
du regard et de leurs attentions discrètes et délicates
: pas de personnages négatifs, tous ont une certaine douceur
ou bienveillance, et c'est assez rare au cinéma… comme
dans la vie. Le film va à la vitesse de son personnage principal
qui lui-même n'est pas sans évoquer Président
Roosevelt, une… tortue mâle qui s'est fait la malle.
C'est à dire que les choses avancent lentement, sans heurts.
Il y a bien quelques ralentissements, mais point d'accélérations
dans ce récit qui parle de la mort qui rôde, du temps
qui passe, de la réalité et de ce qu'on en fait…
On en sort plutôt déstressé, en se rappelant
quelques phrases de Lucky, on irait presque jusqu'à adopter
sa démarche, genou bien haut, un pied devant l'autre mais
à petites enjambées.
