Qu'est-il arrivé à
Suzanne Bier pour tomber dans ce bol de sucre ?
A-t-elle eu réellement envie de raconter comment deux has-been
de la relation amoureuse reprennent gentiment le chemin des cœurs
épris ? Lui est veuf, beau comme James Bond en retraite,
elle n'est pas mal non plus mais elle ne le sait pas, préoccupée
par sa chimiothérapie (Oups, ça sent le mélo
à plein nez !). La façon brutale dont ils se rencontrent
ressemble à un cliché de cinéma… ah bon
sang mais c'est bien sûr, nous y sommes, au cinéma
! L'évolution de leur relation suit les préceptes
du genre, on s'y croirait ! Où ça ? Devant une comédie
romantique, parbleu !
Comme pour s'excuser de s'adonner avec autant d'abnégation
aux délices codifiés de ce type d'histoire, Suzanne
Bier a placé autour des deux vieux tourtereaux toute une
panoplie de personnages secondaires très chargés en
névroses, ou doutes existentiels, ou méchanceté
bien crasse, ou ignominie et autres rancoeurs prêtes à
exploser… Du coup le mariage annoncé est plus proche
de "Festen" que ce à quoi on s'attend dans une
gentille comédie au soleil… Mais les exagérations
des travers des personnages en font des caricatures peu crédibles
et on finit par ne plus savoir s'il faut sourire, un peu jaunâtre,
ou bien souhaiter à la réalisatrice de retrouver sa
force dramatique, pour son prochain film.
Le titre choisi par les distributeurs "Love is all you
need" est très guimauve, et on n'entend même pas
la chanson des Beatles dans le film !
Le titre danois, "Den skaldede frisør", qui
se traduit approximativement par "le Barbier chauve" (je
maîtrise parfaitement la langue danoise) est plutôt
étrange, mais au féminin (et c'est ainsi qu'il faut
l'entendre, l'héroïne est coiffeuse, et avec la chimio…),
cela donnerait "la coiffeuse chauve", et essayez donc
de le dire un peu vite, "s'il vous plaît, deux places
pour la coiffeuse chauve"… Oui, bon, finalement, ça
le fait. Mais ça n'est pas très vendeur. D'où
ce "Love is all you need". Not only love, a wig, too (oui,
je maîtrise aussi l'anglais de façon admirable).