Louise, on la
découvre dans un rétroviseur, celui de sa voiture, c'est
à dire là où elle dort…
Le bruit des essuie-glaces se mêle à la chanson de Nina
Simone qu'elle écoute dès que le moteur démarre
(ou pas…). On la découvre ainsi, la pluie dehors, mais
aussi à l'intérieur, avec ses larmes. Ce que l'on sait
d'elle à la fin du film n'est pas exactement ce qu'il est habituel
de connaître à l'issue d'une histoire racontée
de façon classique. Les raisons de son errance, de sa séparation
d'avec son mari, de ses dettes, tout son passé reste dans le
flou, mais l'important n'est pas là : Louise vit au présent,
et ce qui semble vital pour elle, c'est de trouver un appartement.
En attendant, on la suit dans son quotidien, ses petits arrangements
pour masquer la vérité, sa misérable vérité
qu'elle n'avoue à personne, et même pas à ceux
qui pourraient l'aider. C'est une battante, digne sans en avoir toujours
l'air, tendue à l'extrême, ne s'octroyant que rarement
des pauses qui ressemblent à du plaisir. Elle ne veut pas s'attacher,
ni qu'on s'attache à elle.
Certains pourraient la juger borderline et n'ayant que ce qu'elle
a cherché, mais le film est exactement de son époque,
montrant sans l'expliquer une certaine faillite de notre système
social, suggérant que chacun peut se retrouver dans sa situation.
Certains pourraient être choqués par son refus de tisser
des relations, de s'épancher sur elle-même, de parler
et d'accepter la compassion que les autres sont prêts à
lui témoigner, mais le personnage a une complexité très
humaine et beaucoup peuvent se retrouver dans cette façon d'installer
une distance autour d'elle, refusant (et c'est en cela qu'elle est
une véritable battante) sa situation, ne la considérant
que comme passagère. C'est aussi pour cela que le film est
porteur d'espoir, la galère de cette femme-là n'est
pas inéluctable, il n'y a aucun misérabilisme, ni angélisme.
Louise est très belle à sa façon, on adore son
sourire en toute fin de film…L'actrice qui l'incarne, Corinne
Masiero, est exceptionnelle.