C'est une bien belle histoire,
avec des personnages forts, romantiques en diable, d'une fougue
radicale ou d'une patience amoureuse inébranlable, dominés,
une fois n'est pas coutume pour cette époque (fin 19ème
siècle), par une figure féminine terriblement indépendante.
On a bien sûr l'impression d'avoir déjà vu à
l'écran des tels sentiments, de telles passions, de tels
renoncements, mais on peut se laisser prendre par le tourbillon,
bien que le dénouement final soit un peu prévisible,
même pour celui qui n'a pas lu le livre de Thomas Hardy.
Les paysages sont magnifiques, il ne pleut que lorsque cela est
nécessaire, les costumes aussi sont admirables, il est assez
formidable de constater qu'à cette époque, les fermiers
britanniques ne salissent pas leurs habits qui semblent toujours
neufs, transpirent à peine et conservent une peau d'une douceur
très cinématographique (mais pas très crédible...)
Certes, nous sommes au cinéma, on accepte d'avaler quelques
invraisemblances, mais ici, les limites sont très largement
dépassées.
La mise en scène, signée par un repenti du Dogme cher
à Lars Von Trier, est désespérément
classique. Pas un seul cadre qui déborde, pas une transition
qui dérange, pas un mouvement de caméra qui fasse
sursauter, tout est lisse, parfait jusqu'à l'ennui. Du coup,
la passion développée par les personnages semble factice,
et malgré tout le talent des acteurs (Carey Mulligan en tête),
il peut se glisser une petite dose d'humour bien involontaire, un
second degré clandestin qui égaye, au final, toute
la projection.