Mais qu'est-ce qui fait donc
courir le public devant ce film iranien, qui n'est ni un Farhadi,
ni un Kiarostami ?
Le récit est basé sur la réalité actuelle
du trafic de drogue en Iran, vue du côté des flics,
puis de celui d'un caïd. C'est une sorte de chronique désenchantée
de la naissance d'une mafia et on imagine aisément que de
ce point de vue, l'Iran prend le chemin des pays occidentaux, avec
des trafiquants de plus en plus nombreux (puisque la consommation
explose) et de mieux en mieux organisés, et des forces de
l'ordre qui commencent à être dépassées
par le phénomène, malgré leurs méthodes
musclées et humiliantes. Les questions que pose le personnage
principal (Comment se fait-il qu’il y ait de plus en plus
de toxicomanes, malgré toutes les condamnations à
mort et les peines à perpétuité ? Comment se
fait-il que la police ne puisse pas arrêter tous les parrains
de la drogue une fois pour toutes ? Comment se fait-il que n'importe
qui puisse se procurer de la drogue n’importe où et
en moins de 3 minutes ?) sont tout à fait pertinentes,
et il est fort probable que le réalisateur a son idée
sur les réponses.
Le film est tendu, ultra documenté, il veut montrer énormément
de choses, les actions et les enquêtes policières,
les arrestations, les consommateurs qui ne sont plus que des loques,
la hiérarchie des trafiquants, la réalité des
prisons, la dureté de la justice iranienne… tout cela
s'entremêle, se télescope, au risque de la confusion
des situations et des genres : il y a parfois des scènes
fabriquées, presque théâtrales, d'autres sont
proches du documentaire, il y a aussi quelque chose de presque américain
dans la mise en scène qui fait qu'on se croit dans un polar,
et puis l'instant d'après on revient soudain à une
ambiance très persane, où la folie des uns fait office
de sagesse, et vice versa.