The Lobster *

Yorgos Lanthimos

L'histoire

Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires.

Avec

Colin Farrel, Rachel Weisz, Jessica Barden, Léa Seydoux, John C.Reilly, Ariane Labed, Angelika Papoulia, Ashley Jensen, Olivia Colman, Ben Wishaw

Sorti

le 28 octobre 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L'Amour paradoxal

 

Déroutant et réjouissant, drôle et cruel, absolument pas consensuel et terriblement séduisant, ce film est un paradoxe à lui tout seul.
Les données de départ sont dures à avaler, reposant sur une situation sociale imaginaire (quoique…) : le Monde se divise en deux, d'un côté les personnes qui vivent en couple et donc dans la légalité, d'un autre côté les personnes seules et qui, si elles ne trouvent pas de compagne/compagnon, sont transformées en animal. Au choix, l'animal. Mince consolation. Si l'on résiste, et qu'on ne veut pas se plier à cette règle, on devient un "solitaire", sorte de clandestin vivant dans la forêt (et croisant de temps à autre un animal dont on se doute bien qu'il fut un humain, autrefois), sous la coupe de petits chefs imposant eux aussi une discipline draconienne, avec interdiction de flirter, d'aimer…
Ce postulat ahurissant donne naissance à un récit somme toute classique, avec passage d'un camp à l'autre, interrogation sur eux-mêmes de la plupart des personnages. Même si parfois le déroulé souffre de quelques faiblesses scénaristiques ou de longueurs et répétitions, l'ensemble est d'une grande rigueur, évoquant sous l'aspect complètement déjanté, à la fois ludique et terrorisant, l'amour, les relations amoureuses, le couple dans notre société. Ce qui en est dit ne fait pas rêver, le propos, malgré l'humour, est d'une noirceur absolue. Car cette société imaginaire, mais actuelle (les véhicules et les bâtiments sont contemporains) ressemble à la nôtre, bien sûr, si l'on pousse à fond certains curseurs de l'absurdité quotidienne qui nous entoure, ou bien si l'on accepte de se rendre compte de la fausse liberté de choix sociaux que nous avons dans nos relations.
Avec un casting hallucinant et très cosmopolite, des choix de mise en scène radicaux, des ruptures de rythme et de ton, une belle mise en valeur des décors ce film gréco-néerlando-britanno-franco-irlandais est une belle surprise, bien sombre sous son apparence de comédie.

Vos commentaires pour ce film

The lobster – ou ce que ce film demande à l’amour et au spectateur
La mise en place est parfaite, voix off bienvenue et belle (ce film est-il tiré d’un roman ?), bonne distillation des indices même si le film souffre évidemment de ce que l’on en sait déjà.
L’humour sous jacent parfait aussi (attention spoiler : les animaux divers qui traversent le film, comment choisir son animal, le langage des signes du couple interdit, les 15 jours en tête à tête comme l’épreuve ultime de l’amour, les chanteurs de bal glaçants comme meilleure offre pour tomber amoureux…)
Les éclairs de violence aussi, parfaits sous l’effet de surprise. Beaucoup moins intéressant quand elle menace à chaque plan, la noirceur sans limite et la prise en otage du spectateur m’ont toujours rebutée.
Quand à ce que cela dit de l’époque, des relations humaines, de l’amour… L’amour se prouve donc, s’autorise même, par un point commun vérifiable donc objectif, bref l’amour le vrai doit pouvoir être contrôlé par la société. Noir c’est noir. Le seul espoir est que l’on ne sait pas ce qu’il advient des couples une fois l’imposture de départ dévoilée, comme on ne sait pas si Colin Farrel va vraiment devoir s’aveugler pour pourvoir vivre l’amour. Mince espoir mais où il faut se glisser à tout prix, sinon ce film est vraiment trop morbide, autant que fascinant, original, déroutant… A voir !


Magali J., le 8 novembre 2015

 

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