Little New York **

James De Monaco

L'histoire

Sully, vidangeur de fosses septiques et futur père, est prêt à tout pour assurer l'avenir de son fils. Jasper, modeste épicier, a une qualité primordiale aux yeux de la mafia pour qui il travaille contraint et forcé : il est sourd-muet. Parmie Tarzo, chef de la mafia locale, se verrait bien éliminer la concurrence.
Tous trois vivent à Staten Island, sous l'ombre écrasante de Manhattan. Leurs chemins vont se croiser, a priori pour le pire...

Avec

Ethan Hawke, Vincent d’Onofrio, Seymour Cassel, Julianne Nicholson

Sorti

le 5 août 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Trois récits en un

 

Les distributeurs du film en France prennent le spectateur pour un imbécile, en quoi Little New York serait-il plus vendeur que Staten Island, le titre original ? D’autant plus que la référence à ce quartier de New York, si particulier, est d’une importance capitale dans les trois récits qui composent cette œuvre beaucoup plus profonde qu’elle n’y paraît.
Staten Island, c’est en face de Manhattan, et ses habitants peuvent voir avec envie la silhouette célèbre du quartier le plus filmé, le plus fantasmé du monde entier. Les trois personnages vivent en dessous de leurs espérances, et ils cherchent tous à s’élever, à leur manière. Parfois, ils regardent, de l’autre côté de l’eau, les tours de Manhattan, comme ils regarderaient leur vie rêvée, un lieu inaccessible, une existence perdue d’avance. L’épicier sourd et muet joue aux courses mais lorsqu’il gagne enfin, ne sait pas quoi faire de son argent, le vidangeur de fosses septiques voudrait que son futur enfant soit plus intelligent que lui, le petit mafieux aspire à devenir célèbre, quelle qu’en soit la raison. Un cambriolage minable va réunir ces trois personnages, et leurs récits respectifs, non pas emmêlés mais l’un à la suite de l’autre, font découvrir toutes les facettes de ce qui pourrait s’apparenter à un polar sans flics. On revoit plusieurs fois la même scène qui, selon notre degré de connaissance de l’histoire, le cadrage forcément partiel, les ellipses, le point de vue des différents protagonistes, prend des couleurs et des émotions très différentes les unes des autres.
A la fin, tout est reconstitué, tout n’est pas rose mais dans certains regards, il y a de quoi avoir la gorge serrée. Petit film sans doute, mais avec une structure remarquablement intelligente et stimulante et qui n’oublie pas de jouer aussi sur les sentiments.

 

 

 

 

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