Little Jaffna

Film noir en couleur, jouant avec la lumière et la saturation, évitant les scènes nocturnes pour donner une forme inattendue à ce récit qui mêle les codes du film de gangster et ceux du film de migrants. Le héros, joué par le réalisateur, est en pleine ambiguïté, flic infiltré dans la communauté tamoule dont il est issu. Le scénario aborde beaucoup de sujets intéressants, et c'est le trop-plein, comme si l'on voulait tout traiter en deux heures, la guerre civile au Sri Lanka qui s'externalise dans quelques quartiers parisiens, le gang et son parrain façon Coppola, une histoire d'amour qui lorgne sur Roméo et Juliette, la difficulté de s'intégrer autant dans la société occidentale que dans le microcosme tamoul parisien, un détour un peu bizarre par un théâtre qui a l'air fort sympathique… et tout cela s'entremêle de façon un peu confuse et pas très crédible, comme cette exécution sur une terrasse en plein air. Il y a certes beaucoup d'énergie, des scènes de castagne assez spectaculaires mais les personnages ne sont pas creusés, tout reste en surface, les émotions ont bien de la peine à fleurir.