Festival d’actrices ! D’accord,
elles ne sont que deux, mais ce qu’elles font est assez formidable.
Julie Depardieu (telle qu’on l’a déjà vue
ailleurs) et Carole Bouquet (avec une nervosité colérique
inédite) sont lâchées dans une histoire qui n’a
pas grand intérêt. La pute de luxe et la ménagère
échangeant leurs rôles, c’est aussi crédible
que le père Noël faisant du ski nautique, ça fait
naître quelques situations amusantes mais c’est aussi
fin qu’un big mac. Les deux personnages n’ont pas vraiment
de charme, l’écriture paresseuse en fait des clichés
qui s’amusent à s’autodétruire. Le pseudo
suspense autour de l’homme politique qui se prétend vertueux
(qui a probablement un modèle dans la vie réelle, mais
ce n’est pas tout à fait passionnant de découvrir
lequel), et qui en réalité a des fantasmes de mâle
de Cro-magnon, ne donne aucun ressort au scénario. L’aspect
"comédie belge" acide et déjantée est
dilué dans la vulgarité du récit et d’une
grande partie des dialogues.
Malgré le rythme, pas endiablé mais tout de même
plus rapide que dans la majorité des comédies françaises
(mais le film est belge, ceci explique sans doute cela), tout l’intérêt
repose sur les épaules des deux actrices qui semblent beaucoup
s’amuser. Elles ne sont pas exactement les deux personnages
mais c’est probablement ce décalage qui fournit quelques
surprises de jeu de leur part. Julie Depardieu en femme trompée
qui se réveille d’un long ennui et tombe amoureuse à
chaque rencontre même tarifée, on n’y croit guère
et elle est obligée de faire passer les situations avec un
second degré plutôt réjouissant, bien qu’on
ait l’impression qu’elle a déjà fait cela
plusieurs fois. Carole Bouquet est plus surprenante, avec un débit
de parole très rapide, saccadé, portant en elle une
fausse agressivité mêlée de fatalisme, manquant
sans doute de prestance, de classe, mais c’est justement ce
manque qui la rend étonnante.