Un film chinois censuré
dans son pays, qui met six ans à venir jusque sur nos écrans,
c’est bien sûr très attirant. Effectivement, le
contexte social et économique est plutôt intéressant,
montrant une société en expansion qui ne se soucie pas
des drames humains qu’elle génère. Cependant,
le spectateur occidental risque de rester en dehors de pas mal de
sous-entendus, d’allusions, par manque d’affinités
avec la culture chinoise.
On se raccroche donc au personnage, universelle figure de l’exclu
qui prend sa revanche, tout en ayant au fond de lui un sentiment de
culpabilité. Mais cette Madame Wang, véritable silhouette
de cinéma, n’est pas attachante, et les rapports qu’elle
entretient avec les trois autres personnages, mari, amant, enfant
(qui n’est pas le sien) sont tellement empreints de cupidité,
d’égocentrisme, de froideur malgré son caractère
exubérant, que l’on finit par se désintéresser
de son histoire.
De plus, certains choix de mise en scène et de montage paraissent
discutables, caméra portée, ellipses temporelles (particulièrement
au début, dans son périple avec l’enfant : gros
manque de clarté), mise à distance dans presque toutes
les scènes, point de vue unique…
Au final, le film se voit plus comme une curiosité qu’autre
chose, un aperçu très parcellaire de la société
chinoise, sur un fond d’ironie sombre et froide, avec un récit
pas toujours compréhensible.
Bien sûr, la dernière séquence pourrait rattraper
tout le reste, car elle éclaire le titre, humanise le personnage,
donne du relief à toutes ces funérailles sans émotions,
mais le chemin est définitivement trop long.