Le trio d’acteurs favoris
de Guédiguian est de retour ! Le problème, c’est
qu’Ariane Ascaride en femme fatale qui fait (encore) chavirer
les hommes, n’a plus le physique du rôle. Guédiguian
a beau se placer dans le registre du polar crépusculaire, celui
des souvenirs et du temps qui passe, cette fidélité
aux comédiens devient pesante car les personnages n’ont
plus grand chose de surprenant, c’est toujours un peu la même
histoire, parfois plus légère, ici tragique. Bien sûr,
il y a dans chaque film "marseillais", des variantes, des
nuances. Ici, les personnages évoquent la nostalgie de la jeunesse,
un certain embourgeoisement pas forcément voulu ; le récit
traite de la vengeance en cherchant à lui donner un sens universel
avec des références aux conflits du Moyen Orient. Mais
ni le scénario déterministe, ni la mise en scène,
démonstrative, ni la direction d’acteurs très
flottante en dehors du trio principal, ne sauvent le film d’une
impression d’artifice, d’un côté très
théorique.
Ça n’est pas forcément désagréable,
la lourdeur et la pesanteur de l’entreprise lui donnent du caractère,
mais on peut aussi rester en dehors, ne pas être pris par l’intensité
des sentiments et ne pas ressentir d’émotions.