Cinématographiquement
sans intérêt ou presque, ce labyrinthe, malgré
son nom, fait pas mal de bruit, et pèse parfois des tonnes.
Film dossier, exposant avec clarté un épineux problème
historique et social mais aussi existentiel, à l'échelle
d'un pays. Comment se reconstruire après un traumatisme,
lorsque toute une partie de soi-même ignore volontairement
ce qui a pu se passer ? Pour un homme seul, c'est déjà
bien compliqué, et certainement voué à l'échec,
le refoulement finit toujours par se retourner contre son auteur
et la reconstruction est alors d'autant plus difficile. Mais pour
une population dont une partie est accusée de génocide
et qui veut enterrer les errances de ceux qui ont perpétré
les exactions, c'est non seulement une façon de commettre
à nouveau le crime en voulant l'oublier, mais aussi une attitude
contre-productive pour retrouver sa conscience humaine collective.
Le récit parle de tout cela, au travers de quelques personnages
bien choisis, plus ou moins inspirés par la réalité,
un procureur trop jeune pour avoir participé aux actions
des nazis, un autre beaucoup plus âgé et qui en fut
la victime, un journaliste très investi dans la recherche
des criminels et dont on se demande ce qui le rend aussi virulent,
quelques anciens nazis, bouchers de camps, noyés dans la
population et devenus honnêtes citoyens, une jeune femme pure
qui veut aller de l'avant sans s'encombrer du passé... Tout
cela est à la fois plutôt bien vu et très allégorique,
une succession de clichés historiques, le plus souvent basés
sur des faits réels, mais qui paraissent tout de même
bien lourds et redondants. Les acteurs semblent investis, l'histoire
ménage le suspense, la mise en scène terriblement
classique appuie le trait sans beaucoup de nuances. Mais sans doute
n'y en a-t-il pas besoin ?