Juste la fin du monde *

Xavier Dolan

L'histoire

Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.

Avec

Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Vincent Cassel

Sorti

le 21 septembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Juste Lagarce (et un peu de Dolan)

 

Cinq personnages, pas plus, dans un quasi huis clos. Tensions familiales, rancœurs, non-dits, explosions de violences verbales… Tout est déjà dans la pièce de Lagarce, et le film, très médiatisé, aura au moins le mérite de faire découvrir à beaucoup le dramaturge, certes un des plus joués actuellement, mais encore méconnu du grand public. Xavier Dolan, surdoué du cinéma (27 ans, six films déjà et quelques chefs d'œuvre…) s'empare du texte, le modifie un peu sans en altérer l'esprit et impose sa vision de cette famille comme on ne voudrait pas en avoir mais qui ressemble, tout de même, à n'importe quelle famille, la nôtre, la vôtre…
Dans sa mise en scène, pas d'afféteries, pas de ralentis, pas de "belle image" gratuite, pas de digressions, le récit va vite, entièrement concentré sur les échanges entre les personnages et sur la façon dont ces derniers encaissent ce qu'ils entendent, ce qu'ils voient, ce qu'ils croient deviner… Pour parvenir à cet effet de resserrement, Xavier Dolan filme les acteurs au plus près, privilégiant le plan serré, traquant le moindre coup d'œil, la plus petite vibration dans le visage, le rictus qui en dit plus que la plus longue des tirades. Ce pourrait être un film d'acteurs, une succession de performances de stars, mais malgré leur renommée, les comédiens, admirablement dirigés, jouent comme une troupe, ensemble. Chacun sa partition, mais comme dans un quintet, tout ce qu'ils font individuellement valorise l'ensemble. Il serait exagéré de dire que chacun d'eux surprend dans sa façon de jouer, mais il est indéniable qu'ils révèlent des aspects nouveaux dans leur jeu, la palette des expressions s'est enrichie, ce qu'ils font est fort, très fort. Xavier Dolan ne s'efface pas derrière leurs interprétations, si denses soient-elles. Il choisit son rythme, ses éclairages, fait glisser la caméra, donne au film de la sensualité, de l'ambiguïté, un intérêt puissant, même pour ceux qui connaissent la pièce (j'en suis).
Il reste que malgré tout ce talent exprimé, celui qui brille ici, c'est tout de même Lagarce et sa vision sombre du cercle familial, lieu (oui, on peut bien parler de lieu pour une famille…) d'enfermement, d'aliénation, où peuvent naître et s'épanouir les pires folies.

 

Vos commentaires pour ce film

En résumé c'est long, on ne comprend pas pourquoi ils crient tous et pourquoi ils partagent encore un repas ensemble alors que ça paraît invivable.
On pense deviner pourquoi Louis ne les avaient pas vus depuis 12 ans, moi perso j'aurais pris le large aussi et je ne n'aurais peut-être pas envoyé des cartes postales.
À part de jolis flashbacks sur l'enfance et l'adolescence (qui font penser à C.R.A.Z.Y), quelque regards entre Catherine et Louis (Marion Cotillard et Gaspard Ulliel) pleins de compréhension mutuelle, ou quand Antoine (Vincent Cassel) l'asocial en a assez d'être pris pour un asocial, tout paraît vain et hystérique et pour tout dire assez désagréable à l'oreille par moment.
Je dois avouer que je ne connaissais Lagarce, son théâtre et son histoire, que par articles de magasines ou interview radio interposés, donc pour moi c'était une découverte de l'histoire en même temps que de son traitement par Dolan.


Isabelle E-C, le 23 octobre 2016

 

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