Il est étrange de constater
comment certains médias ont gonflé ce petit film américain,
dit "indépendant". Les thèmes traités,
l’interprétation et la mise en scène n’ont
rien de plus que n’importe quelle autre production équivalente.
Pourquoi celui-ci obtient-il quatre nominations aux oscars ?
Mystère.
Une adolescente enceinte par erreur aux Etats-unis, c’est, en
fonction du réalisateur ou des producteurs, l’occasion
de faire une grosse comédie pour teen-agers, grasse et pleine
de situations "poilantes à donf", dans le style American
Pie, ou à l’inverse, une tragédie de secrets et
de jalousies entre jeunes qui se finirait dans le sang et le désespoir
et qui montrerait une nouvelle fois les impasses de la société
américaine (avec par exemple Larry Clark à la réalisation).
Cela pourrait aussi donner l’opportunité de faire le
point sur la situation de la politique de prévention et d’information
sur la contraception, puis des possibilités qu’ont les
femmes de pratiquer des IVG aux Etats-unis (après le terrible
Sicko de Michael Moore, cela aurait été fort intéressant…).
Et c’est finalement un peu de tout ça à la fois,
mais très superficiellement. L’essentiel du film se trouve
ailleurs, dans la personnalité du personnage principal, formidable
et improbable adolescente, à la répartie cinglante et
spontanée, encore enfant et déjà mature. Malheureusement,
ce personnage tourne un peu à vide, tout ce qui se passe autour
de Juno est plutôt anecdotique, sauf les relations ambiguës
entretenues avec le couple voulant adopter l’enfant, qui auraient
pu faire à elles seules la matière d’un long mélo
tragique et malsain, alors que le film reste au niveau du gentil journal
intime un peu drôle, un peu impertinent, un peu décalé,
mais surtout très léger, à la limite de l’inconsistance.