Julia

Erick Zonca

L'histoire

Un road movie dans lequel une jeune femme prend sous son aile un enfant et tente d'échapper à ses poursuivants lancés à leur recherche.

 

Avec

Tilda Swinton, Saul Rubinek, Kate del Castillo

Sorti

le 12 mars 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1
Estomaquant

 

 

 

 

 

 

Bien sûr, la référence au "Gloria" de Cassavetes est un peu écrasante, mais Zonca s’en sort remarquablement, avec ses propres atouts : un sens du rythme hypnotisant, une montée en tension d’une grande puissance, un refus du politiquement correct. La vision d’une femme terrorisant un enfant en lui pointant un pistolet sur la tête, est particulièrement marquante : cette femme est l’héroïne du film, toute l’histoire n’étant montrée que de son seul point de vue, et il n’y a pas de jugement de la part du réalisateur, il la montre avec son déséquilibre, son énorme désarroi, sa déchéance mais aussi avec sa splendeur. Il la décrit comme une femme que l’on pourrait comprendre, accompagner, aimer malgré tout. Ce qu’elle fait est parfois monstrueux, mais elle n’est pas un monstre. Elle s’enfonce dans le mensonge, et finit probablement par ne plus cerner la réalité des événements et de leurs conséquences. Zonca filme cette fuite en avant (mais jamais en ligne droite, toute en hésitations, retours, virages brusques) comme un voyage initiatique à l’envers, une plongée destructrice sans espoir (ou presque, la dernière image laissant le spectateur en plein doute).
Ce qu’il y a de formidable dans ce cinéma-là, c’est qu’à tout moment, on ne sait pas ce qui va se passer, au contraire de la grande majorité des films de notre époque. Julia est imprévisible, on sent qu’aucune concession n’est faite pour adoucir le propos, tout peut donc arriver, y compris le pire, mais pas forcément… En ce sens, le scénario est admirablement bien construit, chaque nouveau mensonge offrant une nouvelle possibilité de fuite, jusqu’à l’infini.
Il fallait une énorme performance d’actrice pour incarner un tel personnage, Tilda Swinton est effectivement gigantesque. Pas au sens américain du concept de performance, il n’y a aucun pathos, elle ne joue jamais pour provoquer les larmes, elle EST Julia, simplement. Toute autre actrice aurait donné naissance à un autre film. On ne connaîtra jamais en profondeur les parts respectives du réalisateur et de la comédienne dans la création du personnage, mais il paraît évident que l’implication de Tilda Swinton est capitale dans la radicalité de l’entreprise.
Son omniprésence est bien sûr l’atout principal du film, mais aussi sa limite : l’actrice et son propre personnage écrasent tous les autres, à commencer par l’enfant, qui ne parvient pas à exister, qui n’impose pas son caractère, ce qui le rend un peu théorique : c’est un enfant, un point c’est tout. Il n’est pas certain, au vu de ses quelques répliques, que telle était la volonté du réalisateur. De même, les Mexicains sont plutôt des caricatures, montrés comme des éléments de l’environnement du parcours de Julia, pas vraiment des personnages, eux aussi théoriques.
Il reste tout de même, malgré ces réserves, que ce film est un magistral coup de poing dans l’estomac, et que le cinéma, en dépit du confort des fauteuils, est aussi fait pour cela.
 

 

 

Vos commentaires

Magnifique oui. Un vrai choc. Tilda Swinton époustouflante dans certainement le rôle de sa vie...

Fred, le 16 mars 2008

 

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