Joyland *

Saim Sadiq

L'histoire

A Lahore, Haider et son épouse, cohabitent avec la famille de son frère au grand complet. Dans cette maison où chacun vit sous le regard des autres, Haider est prié de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où il déniche un petit boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle.

Avec

Ali Junejo, Alina Khan, Sania Saeed, Rasti Farooq

Sorti

le 28 décembre 2022


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Des promesses…

 

Ce premier film pakistanais frappe d'abord par son univers singulier, ses choix formels délibérés et assumés. Un cadre en 4/3 qui ici n'a rien d'enfermant, des éclairages chauds et doux donnant une impression de sensualité sans aucun effet racoleur, un récit plein d'ellipses qui laisse la part belle à l'imaginaire du spectateur, une photographie très étudiée par ses cadrages décalés, ses mises au point changeantes, ses zooms sans fin…
Toute cette très belle facture s'évanouit brutalement lors des scènes de cabaret, plus crues, froides, laissant transparaitre une certaine laideur, une sorte d'amateurisme voulu. Il y a un écart vertigineux entre la délicatesse infinie de l'image d'un linceul, un nœud sur un tissu blanc, et une demi-douzaine de danseurs pas très assurés se trémoussant de façon un peu vulgaire sur une musique sans âme.
Le scénario navigue avec le personnage principal entre ces deux atmosphères, d'une part le cocon familial certes chaleureux mais bridé par les conventions sociales, et d'autre part le monde de la nuit, parfois sordide, parfois féérique, en apparence beaucoup plus libre. Mais rien n'est figé, il se passe aussi des choses étranges dans l'appartement familial, et le cabaret est régi par des codes bien rigides. L'histoire d'amour ou de désir qui prend naissance à la lisière de ces deux mondes peine à embarquer, elle paraît un peu artificielle, fabriquée : il y a peut-être trop de complexité dans ce qui émeut le personnage qui tombe en extase face au danseur transgenre : que va-t-il chercher et trouver éventuellement ? une image féminine exacerbée ? une expérience homosexuelle ? une fuite en avant pour échapper à une relation de couple non désirée ? tout à la fois ? La scène finale en bord de mer éclaire bien peu, se voit-elle comme un épilogue ? un rêve symbolique ? un chemin vers la liberté ou un suicide ?
Au final, on retient plus la forme (délicatement sublime) que le fond (peut-être trop flou) de ce film tout de même étonnant dont le réalisateur sera certainement très attendu pour la suite de son œuvre.

 

Pas encore de commentaires pour ce film

 

Envoyez votre commentaire