Elle est super, Joy ! Une énergie
à revendre, une attention aux autres exemplaire, une combativité
formidable. Dans sa famille, ils sont tous cinglés, à
part sa grand-mère et sa fille, qui ne peuvent pas faire
grand-chose pour la soulager. Son père, la nouvelle femme
de son père, son ex-mari, sa mère, sa sœur…
tous allumés. Pas vraiment méchants, juste invivables.
Et Joy, au milieu de tout ça, se bat pour améliorer
son quotidien en essayant, entre autres, de vendre un balai qu'elle
a inventé. A vrai dire, cette "success story" ne
brille que par instants, avec quelques scènes mémorables,
portées par Jennifer Lawrence (sans arc ni costume de guerrière,
ouf) et par Bradley Cooper (petit rôle, mais déterminant).
Le reste du temps, le récit est répétitif (Joy
se sort d'une situation inextricable, elle est contente, puis un
des mariolles qui l'entourent fout tout en l'air, et la voilà
qui cherche une autre solution…), s'intéressant plus
à des détails anecdotiques qu'à ce qui peut
se passer dans l'esprit de l'héroïne. A la fin, elle
est devenue riche et puissante, mais a la décence d'être
restée toujours aussi attentive aux autres.
C'est définitivement trop américain (le bon vieux
rêve américain, si tu crois en toi, tu y arriveras…hum)
et trop matérialiste (et les richesses intellectuelles, spirituelles
ou sentimentales, dans tout ça ? rien, que dalle). Jennifer
Lawrence est à tomber, bien sûr, avec sa voix qui graillonne
légèrement et ses bonnes grosses joues qui prouvent
une nouvelle fois que tout charme se situe dans les imperfections.
C'est un joli numéro d'actrice, une performance oscarisable,
filmée par un réalisateur en pamoison devant elle.
Le film n'est pas totalement lisse, mais il peine à emporter
un spectateur européen partisan de la décroissance…