Il est certain que le film ne brille
pas par sa subtilité. Mais il a le mérite de ne pas
laisser indifférent. Sur un thème proche d’Entre
les murs, ou tout au moins dans le même contexte, Lilienfeld
scénariste, dialoguiste et réalisateur, choisit clairement
le terrain de la dramatisation, au risque de perdre de la crédibilité.
L’ensemble a donc les défauts de ses qualités,
très inégal à tous points de vue : si la description
du début sur les rapports entre des élèves qui
se croient tout permis et une enseignante assez largement dépassée
semble plutôt juste, tendue, filmée comme une joute verbale
déséquilibrée, les autres profs n’ont pas
une once de réalité, ce sont des clichés plutôt
navrants. Le principal, joué par Jackie Berroyer, est par contre
tout à fait plausible dans ses approximations, son défaitisme,
sa lâcheté ordinaire.
Lorsque l’action se noue, que le revolver apparaît et
que la prise d’otages est effective, on fait sans cesse des
allers et retours entre une tension enthousiasmante, vraiment prenante,
et des aspects bâclés ou inutiles, comme l’histoire
de peine de cœur du négociateur, qui n’apporte,
au fond, rien de bien passionnant. On a parfois l’impression,
lorsque les scènes en huis clos entre la prof et les élèves
s’éternisent un peu, d’assister à une émission
de télé-réalité carrément extrême,
puis au détour d’une autre scène, on repasse dans
un registre théâtral presque symbolique…
Et Adjani dans tout ça ? Parce qu’on est venu aussi pour
ça, pour voir la star dans un rôle inhabituel pour elle,
un retour sur les écrans dans un film qui risquait de la bousculer,
de lui faire perdre son aura.
Adjani est surprenante, d’abord physiquement : bouffie, mal
fagotée, avec une apparence de mal-être ne s’assumant
pas. Surprenante aussi dans la façon dont elle renvoie les
répliques aux jeunes : elle fait vraiment ressentir une peur,
un malaise profond. Elle se montre parfois "too much", et
participe alors au déséquilibre du film, lorsque celui-ci
hésite entre une tragédie bien lourde et un documentaire
mal documenté…
Au final, cette journée de la jupe a le mérite d’exister,
de poser un certain nombre de questions sans tabous, mais a aussi
le tort d’essayer de parfois y répondre de façon
très maladroite, au contraire de "l’esquive"
de Kechiche auquel on pense parfois et qui abordait de façon
plus subtile et peut-être plus efficace le problème des
relations entre sexes opposés dans les collèges des
cités.