Ah, la belle histoire que voilà,
toute prête à faire pleurer dans les fauteuils : un très
joli garçon et une non moins jolie fille se disent amis et
sont en réalité amoureux, sans le savoir vraiment (c'est
à dire que parfois, ils ne le savent pas pour eux-mêmes
et à d'autres moments, ils imaginent que l'autre ne l'est pas…).
C'est original, n'est-ce pas ? novateur, sans comparaison possible
avec d'autres films romantiques américains, anciens ou récents
(…)
Il n'empêche, on est prêt à remiser son ironie
acerbe pour passer un bon moment, partager les doutes et les coups
de cœur des deux personnages auxquels on pourra s'identifier
sans hésitation. Une heure et demie plus tard, malgré
une légère humidification lacrymale à quelques
minutes de la fin (il faut bien dire que les scénaristes, sur
ce coup-là, ont mis le paquet…), c'est la déception
qui domine.
Anne Hathaway est tout à fait délicieuse, même
avec ses grosses lunettes pour faire croire qu'elle n'a que vingt
ans au début du récit, mais son homologue masculin,
Jim Sturgess, garde sa tête d'abruti égocentrique tout
au long du film. Le parti pris scénaristique de ne raconter
l'histoire complète qu'au travers d'une seule date, le 15 juillet,
entre 1988 et 2011, rencontre rapidement ses limites : c'est anecdotique,
sans intérêt, et ça n'apporte de l'émotion
que dans les dernières minutes.
La mise en scène, très descriptive, au ras des pâquerettes,
ne donne aucune poésie à l'ensemble, aucune surprise,
aucun contraste (bon, d'accord, sauf dans les dernières minutes,
au risque de se répéter…).
Ce "jour"-là ne restera donc pas dans les mémoires,
il n'y a certes pas de quoi s'enfuir en courant, mais la probabilité
d'y somnoler gentiment n'est pas négligeable…