Jojo Rabbit

L'esprit de Wes Anderson plane sur ce film sacrément gonflé, qui se permet de faire du personnage historique le plus honni de la Terre une sorte de (fausse) bonne conscience, de revisiter l'histoire d'Anne Frank avec un humour piquant, et de présenter une sombre période de l'Allemagne à grand renfort de couleurs pétantes. Cela pourrait être terriblement malvenu, déplacé, choquant, c'est au contraire un bijou d'inventivité, plein de surprises et de contrastes : malgré une tonalité très colorée et plutôt drôle, tout à fait irréelle, le récit plonge parfois dans le sombre, on y meurt pour de vrai, la souffrance n'est pas esquivée. Cerise sur le gâteau, Scarlett Johansson y est délicieuse, elle campe un personnage tout à fait vivifiant, lumineux, généreux. Et elle fait cela avec grâce et fantaisie.