Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines)

Arnaud Desplechin

L'histoire

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Jimmy Picard, un Indien blackfoot ayant combattu en France, est admis à l’hôpital militaire de Topeka, au Kansas, un établissement spécialisé dans les maladies du cerveau. La direction de l’hôpital décide de prendre l’avis d’un ethnologue et psychanalyste français, spécialiste des cultures amérindiennes, Georges Devereux.

Avec

Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee

Sorti

le 11 septembre 2013


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Thriller psychanalytique (résumé)

 

Le spectateur peu au fait de ce qu'est le travail psychanalytique n'aura pas la même vision du film, bien sûr, que celui qui a la chance (?) d'être en analyse. Mais les deux tombent d'accord sur un point : raconter une psychothérapie en moins de deux heures, c'est mission impossible.
Desplechin semble fasciné, on le comprend, par son acteur principal, Benicio del Toro, imposant, impressionnant, tout à fait crédible en traumatisé par la guerre…ou autre chose. Amalric à ses côtés fait un peu Laurel auprès d'Hardy. Il fait aussi l'andouille et peut-être le véritable Georges Devereux était-il légèrement fantasque mais l'énergie fantaisiste déployée par l'acteur l'incarnant ne fonctionne pas toujours en face de la force tranquille de son patient.
Le récit se déroule comme un thriller psychanalytique, oui ou non le petit docteur parviendra-t-il à ce que le grand Indien (américanisé, l'Indien, pas de plumes ni de tomahawk) trouve lui même la clef de ses angoisses, de son impossibilité à vivre une existence normale ? On a l'impression que cette "enquête" dans un cerveau ne dure que quelques mois et pour les spectateurs qui se rendent chez leur psy une fois par semaine pendant de longues années pour dénouer (ou pas) ce qui les bloque, comme il est (presque) de coutume dans le monde occidental, c'est tout de même un peu court… Au bout du compte, les analysés comprendront sans doute l'importance des révélations que ressent Jimmy P mais seront probablement frustrés par l'aspect "thinker digest" du travail. De leur côté, les candides qui n'ont jamais posé leurs fesses sur un divan risquent de passer à côté de tout et retiendront que Desplechin a un jour tourné aux Etats Unis et qu'il en a rapporté un film plutôt sérieux, fort respectable, légèrement ennuyeux, presque académique.

Vos commentaires pour ce film

Eh bien, figure-toi, je ne suis pas sûre de te suivre dans cette lecture d'un film qui, pour ma part, m'a beaucoup plu... en dépit de l'histrionique Amalric, qui en fait un peu trop mais qui n'est pas si horripilant que l'a trouvé Arlette Farge et consorts sur France Culture, quand je l'ai écoutée avant de voir de film, de quoi me dissuader. Il est vrai que l'Indien a une présence très forte, bouleversante, et qu'il est pour beaucoup dans la réussite de cette gageure. Ce film m'a donné l'envie de relire Devereux, que j'ai lu autrefois, à propos des mythes grecs, et qui m'avait profondément déçue.
Jean te dirait qu'on peut parler de son analyse en une page, comme l'a fait Queneau (que je n'ai pas lu sur ce point, mais que je vais faire bientôt !).
Pour ma part, j'ai aussi trouvé les rêves fort bien filmés, avec l'étrangeté qu'ils recèlent, et qui sont souvent un échec cinématographique.
La psychothérapie, ici, et c'est comme cela que je la vois, c'est l'advenue de sa propre parole. De l'apprentissage des langues indiennes, juste suggéré, par Devereux, on n'en voit que peu d'incidences dans le film, sauf dans la scène de l'autre côté de la vitre, contemplée par la maîtresse de Devereux, et par nous-mêmes, spectateurs du film. On peut supposer seulement que cette connaissance est partie prenante de la relation de Jimmy P. à son médecin qui se met en situation d'être instruit par son patient. Et voilà le nœud de cette thérapie, me semble-t-il.
Mais cela il nous reste à le deviner.
A brûle-pourpoint, ces réflexions en passant.


Isabelle C, le 28 septembre 2013

 

Envoyez votre commentaire