De ces jeux interdits,
c'est l'ambiance un peu léthargique, un peu moite, qui reste
en mémoire, parfois contrastée de flambées de
violence, verbales ou physiques, jouées ou réelles.
Il y a le monde des adultes, avec d'une part un couple qui se déchire
et d'autre part une femme qui veut à tout prix protéger
sa fille d'une vérité qu'elle préfère
taire. D'un autre côté, le monde des enfants, déjà
grands, pas encore tout à fait adolescents mais ayant perdu
leur innocence et leur candeur, jouant à l'amour, se défiant
comme des adultes. Paradoxalement, ce sont ceux qui jouent –les
enfants- qui paraissent les plus crédibles. Les mouvements,
les postures, les échanges vifs, directs, tout semble très
juste. Les deux très jeunes acteurs principaux y sont pour
beaucoup, elle gracieuse, parvenant à être légère
et terrienne en même temps, lui avec son regard sombre, dur,
éclairé parfois d'un sourire magnifique... On frôle
le drame, les correspondances avec ce qui se passe du côté
des adultes se multiplient, mais les personnages se maintiennent dans
une certaine fraîcheur, pendant que les clichés s'amoncellent
entre les parents. Pourtant, on n'imagine pas le film exister sans
la coexistence des deux univers.
Au final, le scénario se révèle un peu mince
mais l'ensemble montre quelque chose de trouble et d'assez fin en
ce qui concerne un entre-deux âges, des enfants qui ne le sont
plus, parfois d'une maturité perçante, parfois en quête
d'une douceur parentale, qui ne vient pas, bien sûr…