J'ai un faible pour Louise Bourgoin,
sa fantaisie, son petit sourire un peu de travers, sa pétulance…
et oui, aussi, ses jolies fesses.
Est-elle ici le soldat annoncé ? Ses cheveux courts et sa
tenue sur l'affiche pourraient le faire croire. C'est un peu cela,
mais pas seulement. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne l'a jamais
vue ainsi. Aucune trace de fantaisie, pas une touche de séduction
féminine, elle est Sandrine, une jeune chômeuse au
bout du rouleau, prête à beaucoup de choses pour s'en
sortir. De son passé, on ne saura rien, et pourtant le portrait
de sa famille (dans le rôle de la mère, Anne Benoit
est très bien, mais un peu attendue), avec sa modestie sociale
comme forcée, aurait pu être plus creusé, expliquer
des aspects de la personnalité de Sandrine.
Ce qui lui arrive est un peu étrange, on a du mal à
croire à ce trafic de chiens, de cette ampleur, avec aussi
peu de contrôles, et générant autant d'argent…
Le message est soit très classique (passer par l'enfer pour
renaître), soit un peu flou : le récit manque parfois
de rigueur. La mise en scène semble hésiter entre
une sécheresse au couteau, qui va plutôt bien aux deux
acteurs principaux (étonnant Anglade, dur, agressif), et
une désespérance appuyée qui n'échappe
pas au pathos : le film sombre alors dans une noirceur pas très
crédible. C'est un peu comme si le sujet n'avait pas été
suffisant pour tenir tout le temps d'un long métrage, et
qu'il avait fallu gonfler l'histoire. Vous connaissez celle de la
grenouille face au bœuf…
Il reste que Louise Bourgoin se risque à d'autres rôles
que ceux dévolus à son charme naturel, et c'est plutôt
une bonne nouvelle.