C’est le type même
de film qu’on aimerait aimer, avec son sujet mi-social, mi-sentimental,
et qui peut laisser augurer de belles échappées vers
un onirisme léger, un récit entremêlant diverses
époques, mais sans lourdeurs, passant de l’une à
l’autre avec douceur, sans tentative d’explication, juste
le désir de raconter une relation familiale ambiguë, en
donnant quelques pistes pour que le spectateur ne se sente pas perdu
et qu’il puisse reconstituer de lui-même l’histoire
de ce fils qui aimait et détestait sa mère…
Mais le traitement cinématographique trahit les ambitions :
pour quelques très jolis moments entre la mère et son
fils lorsque ce dernier n’a que cinq ans, il y a de nombreuses
scènes convenues, sèches et filmées sans imagination,
montrant platement des retrouvailles, certes sans relief, mais où
l’on aurait pu instiller un peu plus de sentiments, d’autant
plus que les deux acteurs principaux, Vincent Rottiers et Sophie Cattani,
ont un charme unique, une présence quasi animale.
Bien sûr, si l’on n’est pas au courant du fait divers
à l’origine du film, on ne peut qu’être surpris
par ce qui arrive entre la mère et son fils, mais cette surprise
vient aussi du fait que l’ambiguïté n’est
pas si bien montrée que cela. Et finalement, l’émotion
qui devrait dominer est pulvérisée par les faits.
La double réalisation, père et fils, a sans doute empêché
l’un et l’autre de se lâcher, de donner du caractère
à l’ensemble.