It's a free world *

Ken Loach

L'histoire

Angie se fait virer d'une agence de recrutement pour mauvaise conduite en public. Elle fait alors équipe avec sa colocataire, Rose, pour ouvrir une agence dans leur cuisine...

 

Avec

Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek, Joe Siffleet

Sorti

le 2 janvier 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1
Le monstre qui est en nous

 

 

Après le léger académisme de la palme d’or “le vent se lève”, Ken Loach revient à ce qu’il sait bien mieux faire : un regard acide et engagé sur la société d’aujourd’hui. Et ça fait mal, très mal.
Il avait jusqu’alors habitué les spectateurs à se mettre du côté des victimes du système pour mieux le dénoncer, sans pour autant oublier de montrer les décideurs ou les profiteurs, mais ceux-ci restaient des personnages secondaires. Ses démonstrations étaient fortes, mais sans surprises.
Ici, délibérément, il choisit de suivre un personnage touché par une injustice, et qui, par un jeu de choix et de conséquences pourtant évitables, va se retrouver de l’autre côté de la barrière. Cette Angie est terriblement attachante parce que pleine de vie et de volonté, impétueuse, capable du meilleur et du pire. On imagine le même film qui aurait montré la fille avec laquelle elle s’associe, raisonnable et pondérée, quel ennui cela aurait été !
Ken Loach nous emmène donc sur les traces d’une jeune femme qui pourrait être une amie, une battante, puis il nous retourne comme une crêpe (ou un billet de banque) pour nous montrer dans quelle inhumanité nous pouvons tomber, le grand mépris des autres vers lequel nous emmène l'économie libérale.
C’est dur, très dur, car il pointe non pas l’arrogance des puissants mais le monstre qui est en nous.
La mise en scène, sèche, nerveuse, sur le vif, renforce cette impression de malaise. On sort de la projection honteux de vivre dans ce monde-là. Mais c’est fait aussi pour cela, le cinéma : prendre des coups (moralement).
 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires

Un film original dans l'oeuvre de K. Loach où l'on s'attache à suivre une exploitée qui devient exploiteuse. On peut interpréter le film comme une dénonciation du capitalisme actuel ce qui relativise également ce qu'on nous présente souvent comme le "miracle anglais" depuis 1997 et l'arrivée au pouvoir de T. Blair.
En effet, dans une société marquée par la flexibilité et la précarité (Angie a cumulé 10 boulots en 10 ans sans grand succès), la vie est "dure" comme le souligne Karol, son ami polonais. Deux formes de destin social semblent alors se présenter aux individus de milieux populaires comme Angie (son père est un ancien docker) : subir l'exploitation d'employeurs peu soucieux des règles du droit du travail ( cf. le sort des travailleurs intérimaires d'Europe de l'Est dans le film) ou bien faire subir celle-ci aux autres pour connaître une ascension sociale.
On retrouve alors la vision de la justice sociale propre au libéralisme ainsi qu' à notre propre Président de la République : Angie symbolise le travail, le mérite, l'effort et sa réussite économique en est la récompense. A signaler tout de même que cette réussite est uniquement individuelle ("chacun pour soi") et fait fi de toute morale dans le cas de la jeune femme. Toutefois, le film est nuancé : Rose, l'associée d'Angie, refuse de sacrifier la morale sur l'autel du profit. K. Loach montre ainsi que les individus gardent une part de libre-arbitre face à la puissante logique du système.

Autre aspect intéressant du film: les coûts humains de la réussite individuelle. Angie se donne à fond dans son travail mais néglige son fils qui est élevé par ses parents et semble incapable de lui transmettre quelques valeurs.

Enfin, le film montre qu'exploiter les gens et contourner les règles peut avoir des effets pervers quand Angie a peur pour son fils et se fait ligoter par des inconnus. C'est un peu comme si la violence de la domination économique nourrissait la violence physique.

Je pourrais continuer encore mais cela risque de vous barber donc ...

Un film à conseiller en ce début d'année.

Emmanuel F. 16 janvier 2008

 

 


Le réalisme de la situation est parfois insoutenable ; l'évolution de l'exploité devenant exploiteur fait frémir ; comme si en chacun de nous risquait de surgir ce "monstre" qui rend inhumain ; un peu le malaise en sortant.. et surtout un grand sentiment d'impuissance devant cette exploitation, cette société d'économie de marchés, sans pitié etc !!!! un vrai débat politique !!! bien trop long à développer !
J'avais lu le site avant la projection.. ce qui m'a d'ailleurs un peu gênée au début ; j'avais l'impression de l'avoir déjà vu (ou alors trop réaliste de notre quotidien) mais la suite ne m’a pas déçue!!!


Mireille G. 28 janvier 2008

 

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