Ça vous suit, ça
vous poursuit, ça marche lentement, c'est très opiniâtre,
ça ne vous lâche jamais, pas moyen de s'en débarrasser
(comme le morceau de sparadrap sur le capitaine Haddock…),
c'est une sorte de virus avec ses règles étranges
que l'on comprend assez vite, qui peut faire penser au SIDA puisqu'il
s'attrape par relation sexuelle. Les personnages de l'histoire sont
des adolescents ou de très jeunes adultes mais il est probable
que le film décevra ce type de public, pas assez de sang,
pas de monstre identifié, trop loin des poncifs de l'horreur
au cinéma. La bande de jeunes que l'on voit à l'œuvre,
tentant, toute seule ou presque, d'échapper à la malédiction
(?), n'a rien de bien nouveau, des adolescents plus ou moins bien
dans leur peau, plus ou moins amoureux les uns des autres, plus
ou moins courageux, naïfs, malchanceux, morts ou encore vivants.
La chose qui les menace représente une peur parmi d'autres
et peut aussi en cristalliser quelques unes, peur de l'inconnu,
peur du sexe, de la transgression, du monde des adultes, de la maladie,
de l'inéluctable… Rien de très nouveau là
aussi.
C'est bien dans la réalisation qu'il faut chercher l'originalité
de ce film à mi chemin entre l'épouvante et le fantastique,
mais jamais horrifique. La musique, omniprésente, donne une
couleur inédite, sombre et lancinante. Mais trop de musique
tue la musique ! Trop de scènes n'existent qu'avec son apport,
à la moitié de la projection il est possible qu'elle
vous sorte par les oreilles… Les cadrages, le montage, les
différents points de vue font naître le mystère,
une ambiance angoissante, oppressante, quelque chose qui a à
voir avec David Lynch.
Tout cela peut laisser plutôt froid, comme un exercice de
style un peu creux, qui n'ose pas aller jusqu'au bout de ses intentions,
avec quelques longueurs qui font retomber la tension (la scène
de la piscine, censée être le paroxysme du récit,
n'en finit plus et sombre dans le ridicule). J'en reste à
Shining, comme sommet de l'angoisse au cinéma.