Les invisibles **

Sébastien Lifshitz

L'histoire

Des hommes et des femmes homosexuels, nés dans l'entre-deux-guerres. Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l'amour.
Aujourd'hui, ils racontent ce que fut cette vie insoumise, partagée entre la volonté de rester des gens comme les autres et l'obligation de s'inventer une liberté pour s'épanouir.

Documentaire


Sorti

le 28 novembre 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L'amour serein

 

Ce sont des témoignages bouleversants, pas seulement parce qu'ils sont ceux d'homosexuels qui n'ont pas pu, à une époque pourtant pas si lointaine que ça, vivre au grand jour leurs préférences amoureuses et sexuelles, mais surtout parce que ce sont des personnes âgées qui s'expriment, parlant d'amour, de sexe et de la vie, passée et présente. Cette parole-là est rare, pratiquement absente dans les médias (un peu moins dans les œuvres littéraires ou cinématographiques), et dans la vraie vie elle reste probablement exceptionnelle, autant parce que les vieux n'osent pas parler de "cela" que parce que leurs enfants, ou petits enfants, n'ont pas envie de les entendre.
On imagine que le réalisateur a rencontré beaucoup de personnes et a dû en premier lieu instaurer un rapport de confiance avec elles. Le résultat à l'écran, qui ne montre qu'une petite dizaines de "personnages" (on peut bien parler des interviewés en tant que "personnages", ils en ont la présence), est complètement séduisant, électrisant, bouleversant. La parole est d'une grande liberté, et jamais on ne sent le poids de la caméra, les mots coulent de source, appellent un chat un chat, expriment une intimité très étonnante. Tous sont filmés frontalement (ou presque) lorsqu'ils parlent, mais aussi dans certains gestes de leur quotidien, les rendant très proches, touchants, drôles, lumineux, humains… Il n'y a aucun jugement de la part du réalisateur, la façon dont les mots sont recueillis témoigne d'un grand respect.
La photo est magnifique, et les images de nature qui viennent donner des respirations prennent souvent du sens et permettent à l'esprit du spectateur de réfléchir ou de rêver à ce qui vient d'être dit.
De ces portraits non exhaustifs ressort une grande sérénité, une vieillesse assumée, et de l'amour, beaucoup d'amour. On aurait presque envie d'être vieux tout de suite, pour profiter de cette sagesse, qui n'a rien à voir avec un affadissement des sentiments, bien au contraire. Les phrases, les images, les visages restent en mémoire. Bien plus qu'un documentaire ou qu'une succession de témoignages, ces Invisibles méritent d'être vus et revus, partagés, ils font un bien fou.

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