C'est exactement le contraire
d'un film dossier traitant d'un sujet sans s'en échapper.
Le personnage principal est bipolaire, et en fait voir à
tout son entourage, sa compagne, son fils, son père... le
récit ne parle que de ça, et pourtant s'octroie une
liberté de ton qui en fait quelque chose de bien plus large,
il ne juge jamais, il montre les uns et les autres, suggère
que la folie de l'un peut engendrer ou réveiller d'autres
névroses chez les autres. Il y a une tension qui ne se relâche
jamais et elle peut mettre à mal la sérénité
des spectateurs, malgré le soin apporté à la
beauté des images, à la douceur de nombreuses scènes,
aux silences, malgré la volonté de faire de ces écorchés
(ces intranquilles du titre), des êtres sensibles, d'une humanité
énorme. Il y a de la vie, du bouillonnement, il est donné
à voir des moments de bonheur pur qui mènent au désastre,
des déchirements d'où sortent des lueurs qui font
croire que tout peut s'apaiser. Les quatre personnages sont interprétés
avec une implication impressionnante, tout est crédible et
pourtant on passe son temps les yeux écarquillés,
avec parfois l'envie d'appuyer sur le frein des émotions.