L'insulte *

Ziad Doueiri

L'histoire

A Beyrouth, de nos jours, une insulte qui dégénère conduit Toni (chrétien libanais) et Yasser (réfugié palestinien) devant les tribunaux. De blessures secrètes en révélations, l'affrontement des avocats porte le Liban au bord de l'explosion sociale mais oblige ces deux hommes à se regarder en face.

Avec

Adel Karam, Rita Hayek, Kamel El Basha, Diamand Bou Abboud, Christine Choueiri, Camille Salamé

Sorti

le 31 janvier 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Polar des convictions

 

Ce n'est pas du cinéma spectaculaire, avec effets d'images, de montage ou d'éclairage. C'est du cinéma entièrement basé sur un récit ultra réaliste et dont on se demande s'il est véridique. Vérification faite, non, pas de mention "tiré d'une histoire vraie". Le début fait craindre un aspect schématique, avec des personnages un brin caricaturaux, une situation conflictuelle idéale pour poser un problème et observer comment il peut se résoudre (ou pas). Puis, au fur et à mesure de l'avancée du récit, il y a de plus en plus d'enjeux, et tout devient complexe, ambigu. Il n'y a pas les victimes et les agresseurs, les roublards et les innocents, les têtus et les conciliants. Tout est entremêlé, les frontières sont fluctuantes, le bien et le mal deviennent des concepts bien trop simplistes pour tenter d'avoir un avis sur les agissements et les arguments des uns et des autres. L'Histoire du Liban est bien sûr au centre, les convictions religieuses ne sont pas ignorées mais elles sont reléguées au second plan, il s'agit de politique, d'honneur, de devoir de mémoire, mais au final, le cheminement des deux personnages principaux a quelque chose de psychanalytique et donc de très universel. Quelque chose surgit chez l'un, de si profondément enfoui qu'il parvient par son exhumation à éclairer ses outrances. L'autre le comprend et au terme d'une scène formidablement bien écrite, fait basculer le rapport.
C'est passionnant à plus d'un titre, c'est autant un film "de procès" qu'un polar des convictions, qu'une exploration des facultés de pardon, de vengeance ou d'oubli. La direction d'acteurs est bien plus subtile qu'il n'y paraît de prime abord et la mise en scène est invisible, toute entière consacrée à l'histoire. Il faudrait revoir le film pour sans doute découvrir que la caméra fait quelques merveilles pour nous faire entrer à ce point dans cette intrigue, source inépuisable de discussions post-projection.

 

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