L'institutrice

Nadav Lapid

L'histoire

Une institutrice décèle chez un enfant de 5 ans un don prodigieux pour la poésie. Subjuguée par ce petit garçon, elle décide de prendre soin de son talent, envers et contre tous.

Avec

Sarit Larry, Avi Shnaidman, Lior Raz, Hamuchtar, Ester Rada, Guy Oren, Yehezkel Lazarov

Sorti

le 10 septembre 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Poèmes glacés

 

Drôle d'objet cinématographique. Avec du style, c'est indéniable, et des partis pris de mise en scène, de cadrage (des gros plans plutôt étonnants), d'ambiance sonore (stridences des cris d'enfants)… Tout cela n'est pas gratuit, il est aisé de comprendre que le réalisateur veut montrer une société détestable, matérialiste, gangrénée par l'argent, le paraître, les méfaits de la télé. En cela, sa démonstration est assez réussie : lorsque le film s'arrête, on peut être très soulagé de quitter cette atmosphère étouffante et pourtant glaciale, sans aucune chaleur dans les rapports humains. Il ne provoque aucune empathie pour ses personnages, l'institutrice comme l'enfant ne sont pas "aimables", que ce soit par leurs actions, ou leurs paroles, ou leurs attitudes l'un envers l'autre ou vers autrui. Si le but était de créer un malaise, la mission est remplie, et même au delà, on peut aller jusqu'à éprouver un dégoût prononcé devant certaines scènes.
Le sujet qui constitue le point de départ du film est très difficile à avaler : un très jeune enfant "écrit" des poèmes (c'est à dire qu'il les dicte à qui veut bien les transcrire) qui, au vu du vocabulaire et des thèmes, pourraient avoir été créés par un adulte. Ce postulat serait acceptable si ce qui en découlait était un tant soit peu onirique, ou juste un peu lumineux… On peut se demander à quel point ces "poèmes" sont véritablement ses œuvres, ou bien une rémanence de ceux que son oncle lui a lus (lui lit encore ? on l'ignore). Ce petit Mozart israélien de la poésie, présenté comme une sorte de victime du manque de considération pour une culture différente, semble tellement irréel que le récit qui tourne autour de lui peine énormément à intéresser. La folie de l'institutrice qui se développe à partir de la rencontre avec l'enfant pourrait être plus crédible, si l'enfant lui-même l'était…
Le réalisateur affirme qu'il a lui-même écrit une centaine de poèmes lorsqu'il avait l'âge du personnage de son film, c'est donc en quelque sorte, et en partie, un récit autobiographique, d'autant plus troublant que deux poèmes que l'on entend font partie de sa propre production précoce.
Tout cela est bien étrange, et finalement cette étrangeté empêche que l'on s'y intéresse. C'est un film froid dans sa forme, et qui peut laisser de glace…

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