C'est un procédé
déjà vu au cinéma, celui de raconter la même
histoire selon plusieurs points de vue, chaque personnage éclairant
le fil complexe du récit. Là où le point de
départ plonge le spectateur dans une histoire trouble d'emprise
d'un enfant pas encore tout à fait adolescent par son professeur,
la suite emporte ailleurs, retourne les apparences, laisse croire
ce qui n'est pas, mais sans jamais en faire un jeu gratuit, sans
prendre le spectateur à rebours. La mise en scène
est extrêmement subtile, la mère à la recherche
d'une vérité, quelle qu'elle soit, semble parfois
au bord de la folie, peut-on la suivre dans sa quête ? La
directrice paraît éteinte, comme hors du jeu, pas tout
à fait vivante, elle cache des mystères insolubles.
Le professeur que tout accuse est montré sous plusieurs facettes,
et même lorsque l'on croit avoir saisi les raisons de son
comportement étrange, il subsiste quelque chose d'inexpliqué.
Enfin, entre les deux enfants se joue un écheveau de sentiments
formidable, rien n'est simple au sortir de l'enfance, surtout lorsque
le regard des autres s'en mêle. On pourrait revoir le film
plusieurs fois, chaque vision révélerait de nouveaux
éléments, c'est lumineux tout en étant d'une
grande complexité. C'est du cinéma intelligent et
dense qui échappe à la lourdeur et aux clichés.
Au bout du compte, la réjouissance l'emporte.
