Inglourious basterds **

Quentin Tarantino

L'histoire

Dans une France occupée de 1940, Shosanna assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains d'un colonel nazi. Au même moment, le lieutenant Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives contre les nazis.

Avec

Brad Pitt, Christoph Waltz, Mélanie Laurent, Diane Kruger, Daniel Brühl, Elie Roth

Sorti

le 19 août 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Pure réjouissance

 

 

 

 

 

 

Tarantino, le vrai, est de retour. Mises de côté, ses expériences en forme d'hommages plus ou moins réussies inspirées du cinéma de genre, il s’agit là d’un film plein, basé sur un scénario absolument farfelu historiquement mais d’une solidité à toute épreuve. On retrouve le sens du récit qui avait fait merveille dans Pulp Fiction ou Jackie Brown, avec un soin extrême pour détailler chaque rouage de l’histoire, la délectation du metteur en scène est palpable, pour installer ses personnages, pour faire vivre les scènes. On sent le plaisir du conteur, on croirait presque entendre Tarantino nous susurrer, écoutez-moi bien, regardez ce qui va suivre, mon histoire est formidable…
Pour ce retour au premier plan, il a également eu la très bonne idée de renouveler ses acteurs, d’abandonner un peu sa famille habituelle. Christoph Waltz est inénarrable, dans un rôle de super méchant absolument inédit, Brad Pitt montre après Burn after reading qu’il peut être un authentique acteur de comédie, les rares mots d’italien qu’il prononce valent à eux seuls le déplacement. Et Mélanie Laurent, ah, Mélanie Laurent, sa petite moue, son dédain suprême lorsqu’elle est courtisée par l’acteur nazi, rien que du bonheur.
Et comme toujours chez Tarantino, le meilleur ne vient pas des scènes d’action ou de bagarres, pas si nombreuses finalement, mais bien des interminables (pour notre plaisir) dialogues, à double sens, dramatiquement drôles, qui vous arrachent des sourires intérieurs intenses aux instants les plus graves. Un véritable délice.
Pour en finir avec cette avalanche de qualités, on ne peut que se réjouir du jeu des langues, tellement absent dans le récent "the reader", et qui là, mêlant l’américain, l’allemand et le français (sans oublier l’italien !) donne au film un saveur supplémentaire, une autre raison de se délecter.
Bien sûr, tout cela n’en fait pas l’œuvre de l’année, on reste dans le domaine un peu léger du pur divertissement, il serait bien déplacé d’y voir une quelconque prétention historique ou politique. Et puis il manque probablement une belle histoire d’amour pour faire craquer les sentiments, on en sort content, très content, réjoui, ravi ; mais absolument pas ému.
Mais le plaisir, c’est déjà ça.On fait avec, et largement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires

Chapitre 1, une scène copiée du film de Sergio Léone, lent et sadique, il était une fois dans l’ouest, puis c’est la démesure, humour, action, suspens,
Très original, fort bien joué surtout le rôle du méchant.

Dominique P. le 29 août 2009


Surpris par l'humour qui contraste avec la fermeté des actes, des actes sans pitiés avec l'objectivité d'un travail bien fait du côté d'un Nazi très bien interprété et charismatique, puis le contraste qui se caractérise en deux catégories, la première la vengeance des victimes, meurtrie en silence. La deuxième, la vengeance sans pitié avec cependant l'objectivité d'un massacre bien fait pour dérouter les Nazis et les terroriser, mais toujours cet humour si inattendu.

Dans ce film, aussi bizarrement que cela puisse paraître, la haine est prise par l'humour qui prend le dessus sans affaiblir la véracité de cette guerre.

Pierre L. 22 septembre 2009


La critique était unanime : télérama, le ciné d'al1 et mes 4 ados. J'allais voir un film génial.
On peut violer l'Histoire si on lui fait de beaux enfants, disait Alexandre Dumas. Je ne suis déjà pas fanatique de la formule mais quand elle porte sur la seconde guerre mondiale et l'extermination des juifs, je pense qu'il faut la manier avec précaution. Et manifestement la précaution n'est pas le fort de Tarantino, qui à force de viols finit par atteindre l'abjection.
Dès la première scène, je coince : un officier SS se pointe dans une ferme reculée française et demande au fermier s'ils peuvent parler anglais ensemble. Le dit fermier lui répond par l'affirmative avec un anglais que nos étudiants de licence de langue étrangère ont bien du mal à atteindre. Cela prêterait à rigoler si cela ne se terminait pas par le massacre d'une famille (esthétique le massacre évidemment, car on est tout de même chez Tarantino). A noter qu'il aura fallu se taper cinq minutes de dialogue sur les comparaisons entre les juifs et les rats, dialogue particulièrement déplaisant car l'officier est un être raffiné, maniant la langue de Shakespeare avec suavité, et n'a rien avoir avec un Hitler ou un Goebbels éructant.
Et nous arrivons à notre premier dérapage majeur : une jeune femme réussit à se sauver. Et pourquoi réussit elle à se sauver ? Parce qu'elle ne reste pas dans la cave à se terrer comme le reste de la famille (vous savez ceux que le nazi vient de comparer à des rats), mais parce qu'elle sort et court très vite et que le SS décide de lui laisser la vie sauve, admiratif de son énergie de vie. Que nous dit Tarantino à travers cette scène : que les juifs avaient leur chance (comme disent les amateurs de chasse à courre en parlant du gibier), et que, au fond, si tous les juifs avaient eu un peu plus d'énergie, beaucoup auraient pu se sauver.
Scène suivante, c'est le recrutement d'une légion de volontaires juifs qui reçoit pour mission de scalper des nazis (il s'agit bien évidemment de vraiment les scalper, avec force gros plan). Et on suit désormais une équipe de brutes sanguinaires, qui scalpe, tue à coup de batte de base-ball, grave au couteau des croix gammées sur le front de ceux qu'elle laisse vivant pour terroriser les survivants. Et la nous assistons à un tour de passe-passe exécrable : les juifs sont des bourreaux comme les autres, des sadiques sanguinaires et massacrent de tous jeunes soldats qui ne sont pourtant au fond que des victimes de la guerre. Faurisson is the winner !
C'est immonde. Il ne s'agit même pas de renvoyer dos à dos bourreaux et victimes. Il s'agit de montrer que les victimes peuvent être pires que leur bourreaux et se délecter à tuer, scalper, massacrer à coup de batte de base-ball, graver....
Et après, il reste deux heures à se taper avec notamment l'histoire d'un soldat allemand, dont le régime a fait un héros (il avait abattu plus de 300 ennemis) et qui a su rester malgré cela très humain, car à un moment en regardant le film que l'on a tiré de ses exploits, il met la tête entre ses mains pour indiquer que c'est dur pour lui de revoir cela...Le nombre d'heures de cours d'histoire va être réduit à la rentrée pour une bonne partie des élèves. On peut se demander si de toutes façons ce n'est pas déjà trop tard...


Philippe L, le 20 janvier 2009


 

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