La confusion et une vague impression
d’ennui dominent au début de la projection. Drôle
de personnage, benêt mais pas complètement, sorte de
croisement étrange entre Chad (joué par Brad Pitt) dans
Burn after reading et Pierre Froment (Guillaume Canet) dans l’affaire
Farewell… Il faut bien dire que cette histoire d’espionnage
industriel, où sont mêlés la CIA, quelques japonais
inoffensifs et des cadres supérieurs aux airs de demeurés
n’est pas bien passionnante. Mais la performance de Matt Damon
est plutôt étonnante, quinze kilos en plus (ça,
tout le monde a pu le lire dans les journaux bien informés),
mais là n’est pas le principal : c’est bien dans
l’attitude, dans la façon de marcher, de sourire, de
porter le costume, que l’acteur est stupéfiant.
Le dernier quart du film donne évidemment une autre lumière
sur ce personnage déstabilisant, retournant le spectateur et
le récit. Cette dernière partie est bien sûr la
plus intéressante, mais vient trop tard, et n’apporte
finalement qu’un contraste léger : on se doutait bien
que les mensonges enrobaient tout ce qui pouvait être dit, mais
ils gomment aussi toutes les aspérités, toues les émotions
possibles, on en sort légèrement amusé, un peu
agacé, globalement déçu.
Un Soderbergh mineur, où le plaisir se limite à la vision
de Matt Damon comme on ne l’a jamais vu.