Infiltration, c’est le mot.
Le drame s’infiltre dans la comédie, à moins que
ça ne soit le contraire. Les histoires personnelles des différents
personnages s’infiltrent aussi dans le récit principal,
celui d’une armée pas exactement comme les autres, composée
d’appelés venant de milieux tellement disparates que
ce mélange pourrait être représentatif de la société
israélienne… sauf qu’ici, pas de femmes dans cette
troupe de jeunes hommes qui apprennent, souvent contre leur gré,
à manier des armes, à marcher au pas, à obéir
à des ordres absurdes, à se confronter aux humiliations.
Ils sont là, avec leurs potentiels physiques inégaux
(ce qui amène quelques situations qui frôlent le burlesque),
leurs motivations à multiples degrés, subissant une
période de "classes" obligatoires avec effarement
ou indignation ou bien encore avec un détachement salutaire,
et même pour certains un enthousiasme certain.
Le film a de la peine à prendre forme, le récit s’apparente
au début à une succession de séquences qui présentent
les personnages tout en entrant de plain-pied dans les rapports de
force qui se créent entre eux. Cela peut engendrer quelques
confusions dans l’esprit du spectateur et si celui-ci n’est
pas bien attentif, il risque de se noyer dans un récit qui
ne ménage pas de pauses. Ensuite, lorsque les caractères
sont bien cernés, on prend plus de plaisir et d’intérêt
à suivre les aventures mi-comiques, mi-dramatiques de cette
bande d’allumés plus ou moins réfractaires à
la pensée militaire (antinomie…).
Bien sûr, on pense à "M.A.S.H." de Robert Altman,
en moins spectaculaire, on pense aussi à la première
partie de "Full Metal Jacket" de Kubrick, et ces deux références
font un peu d’ombre à ce petit film qui ne manque pas
d’originalité ou de sincérité, mais dont
la mise en scène ne décolle pas vraiment.