Tout est parti d'un court métrage,
demandé par l'Opéra de Paris à Clément
Cogitore, un pari osé, réunir des danseurs de krump
et les confronter au tube des Indes Galantes, de Rameau. Cinq minutes
de pur bonheur qui met les poils, une énergie ravageuse,
une osmose étonnante et pourtant qui résonne comme
une évidence. Le
court métrage fait un carton sur les réseaux,
la direction de l'Opéra tombe sous le charme et demande à
Gogitore de s'atteler à l'œuvre entière, avec
la même idée, faire monter sur la grande scène
de Bastille des virtuoses des danses de rues, pas seulement du krump
mais aussi du voguing, du flexing, du hip-hop, du waacking et autres
danses urbaines... Le documentaire raconte cela, les premières
séances de travail, la construction progressive du spectacle,
les interventions du chef d'orchestre (que l'on voit plus que Cogitore
lui-même, et pour cause, il est génial...)... mais
le fil conducteur, ce qui remet les poils comme dans le court métrage
initial, c'est le respect l'admiration, la Rencontre improbable
entre les danseurs et les artistes lyriques avec au cœur cette
musique qui a bientôt 300 ans et paraît parfois avoir
été écrite hier... Le point culminant du film,
c'est une fin de répétition où quelques danseurs,
comme imprégnés de la musique reprennent ensemble
quelques bribes de la mélodie puis esquissent quelques pas
et finissent par embarquer toute une bande, ça ressemble
au bonheur, vous regardez ça avec les larmes aux yeux et
pourtant vous êtes hilares, dans une autre dimension. Vous
rentrez chez vous avec la banane, et vous vous dites que c'est ça
la culture, c'est ça cette chose essentielle, n'en déplaise
à tous ces gougnafiers de politiciens gestionnaires, c'est
ça qui peut réunir les gens, c'est ça qui fait
avancer le monde.