C'est une famille en crise, une
de plus, mais qui ne bouge pas. Il y a le père, calme en
apparence mais en réalité colérique, volage
mais ne voulant pas divorcer. Les trois enfants, manifestant leur
mal-être par des symptômes divers, dont la fille aînée
est sans doute la plus gravement atteinte, elle pense que son père
n'est pas son père, mais un extra-terrestre qui reviendra
certainement un jour... son refus d'admettre qu'elle est une fille
est fort mal vu dans ces années 70, beaucoup plus tendance
par les temps qui courent. Et puis il y a la mère, pas n'importe
laquelle, puisqu'elle a les traits de Penelope Cruz. On sent le
réalisateur hésiter entre donner toute l'importance
à cette mère certes instable mais très aimante,
sachant donner à la fois les racines et les ailes à
ses enfants (c'est en quelque sorte la même mère que
celle de Respiro, version citadine), ou bien à la
fille ainée, c'est à dire lui-même : Emanuele
Crialese a en effet révélé récemment
qu'il était transgenre. Le film est très élégant,
presque trop pour dérouler cette chronique douce-amère
d'une adolescence tourmentée et d'une famille en état
de choc. Tout est un peu trop joli, un peu trop propre, les provocations
de la fille-garçon, parfois drôles, ressemblent plus
à des anecdotes qu'à des manifestations d'une douleur
intime. Ce n'est pas qu'on s'ennuie, mais pas loin.