C'est un très gros travail
d'acteur, ou comment exprimer le maximum sans rien faire, en étant
juste impassible, presque invisible, insipide. Et puis, par la grâce
d'un maquillage qui parvient à être énorme et
subtil à la fois, devenir quelqu'un d'autre, totalement :
l'opposé complet d'un personnage qui passe inaperçu.
C'est une gageure, brillamment relevée par Kassovitz, qui
capte toute l'attention. C'est le très gros atout de ce film,
et aussi sa faiblesse : les autres n'existent pas, ou presque. Marie-Josée
Croze fait ce qu'elle peut mais son personnage est sans intérêt,
et c'est bien dommage, il aurait équilibré le récit
qui souffre aussi d'un scénario impeccable, au cordeau, sans
failles, et donc sans surprises. Tout est finalement assez prévisible,
de l'explosion initiale jusqu'à la dernière transformation.
La mise en scène ne parvient que trop rarement à créer
une atmosphère mystérieuse et là où
l'on devrait trembler, s'interroger, être déstabilisé,
on ne peut qu'admirer Kassovitz dans ses rôles, et on passe
tout le film dans un petit confort intellectuel à deviner
ce qui va suivre…