Envoûtant, magistral, sublime…
les qualificatifs dithyrambiques abondent dans les journaux, mais
tout est affaire de goût et d'impressions, et ce qui peut venir
aussi à la vision de ce (très) long métrage,
c'est ennuyeux, confus, inintéressant…
Une large moitié du film se passe de nuit, à bord ou
à proximité de trois véhicules rempli de policiers,
de deux suspects, d'un procureur et d'un docteur, à la recherche
d'un cadavre, le meurtrier présumé ne se rappelant plus
où il a mis le corps (on est tout de même assez loin
de la chanson de Boris Vian, malheureusement). Si l'idée est
de plonger le spectateur dans la même lassitude que les personnages,
fatigués de ces haltes à répétition (et
qui n'en finissent plus) pour repartir sans avoir rien trouvé,
c'est tout à fait réussi, on n'a plus qu'une envie,
se laisser glisser dans le sommeil venant. Aussi, au milieu de cette
quête absurde, lorsqu'un ange passe, dans une (la seule ?!)
scène magnifique, on souhaiterait que cette apparition, tout
en lumière et grâce, dure encore un peu. Mais ce n'est
qu'une éclaircie, et même si l'obscurité de la
nuit finit par céder enfin face à l'aube, ce sont toujours
les mêmes incompréhensions, dialogues sans intérêt
ou presque. La révélation (et encore, faut-il la deviner
entre les mots) finale donne une très légère
émotion, mais fallait-il vraiment passer par tous ces chemins
caillouteux, arides et sans avantages, pour aboutir à quelque
chose que l'on peut deviner bien en amont ? A force de cultiver les
mystères, les non-dits ou les échanges obscurs, le réalisateur
prend le risque de perdre une partie de ses spectateurs, d'autant
plus qu'il leur inflige cet ennui pendant plus de deux heures et demie…