C'est un film qui ne vous tombe
pas dessus, qui prend son temps pour faire sentir son charme. Un
documentaire sans commentaires, des vraies personnes plus vraies
que nature ayant tous en commun une base nautique surpeuplée,
ses employés, ses usagers, ses resquilleurs, des habitués,
des gens de passage, et tout ça vit ensemble, se croise,
se fait des confidences, se ment et s'aime ou se supporte. La caméra
ne fait jamais tout à fait la même chose, et c'est
peut-être pour cela qu'elle finit par nous embarquer. Plans
fixes larges ou resserrés, travellings lents ou images comme
volées en urgence, le film avance sans récit pré-établi,
il semble s'égarer et puis non, il revient toujours à
l'essentiel, les humains, ce qui les émeut, ce qui les fait
s'enthousiasmer, ce qui déclenche la nostalgie. Ce qui les
fait rire, aussi. Les spectateurs sont accrochés à
ces morceaux de vie, dérisoires ou magnifiques, parfois hilarants,
parfois très émouvants. Mais il faut accepter la modestie,
la simplicité. Un bloc de béton au milieu d'un plan
d'eau devient alors, à la tombée de la nuit, une pyramide
étrange, un tout petit peu inquiétante, un terrain
de jeux de séduction discrète, une aventure…
une île au trésor qui fait briller les yeux, respirer
les âmes, sourire le cœur.