C'est étrange, comme parfois
tout semble réuni pour séduire, et puis rien, pas
de vibrations, pas d'émotions.
Ida est un très beau film, très esthétique.
Un noir et blanc lumineux et contrasté, des cadrages étranges,
mettant souvent les personnages au bord de l'écran, tout
petits face à la vie, au destin, aux évènements
écrasants. Une alternance de scènes contemplatives
et poétiques avec quelques autres très signifiantes,
avec presque rien pourtant : les avancées du récit
se font sur des détails, des échanges sobres, avec
une grande économie de moyens.
Mais cette œuvre ne serait-elle pas un peu trop hiératique
et ne s'approcherait-elle pas du cliché du film expérimental
polonais passant sur Arte à 23 heures 45, encensé
par la critique et devant lequel bon nombre de spectateurs piquent
du nez ?
L'histoire devrait nous révolter, nous poser bon nombre de
questions, sur l'Histoire du vingtième siècle, sur
la haine que les hommes développent si naturellement, sur
les engagements que l'on peut prendre avec des raisons si personnelles
qu'elles ne peuvent être comprises par les autres… Oui,
le film devrait être passionnant et embarquer les spectateurs
et probablement le fait-il, mais pas avec tous.
Là, il ne me reste que quelques images sublimes, certes,
mais vidées de leur sens. Très, très loin de
l'éblouissement promis.