Elles sont trois adolescentes,
très liées en apparence, mais avec chacune une expérience
de la vie amoureuse et/ou sexuelle bien différente des deux
autres. Elles sont en vacances quelque part au bord de la mer pour
un "Springbreak", un de ces rassemblements de jeunes après
les examens de fin d'étude, où tout le monde picole,
consomme des substances illicites, danse jusqu'au bout de la nuit,
chante à tue-tête et baise dans une frénésie
collective où celui ou celle qui reste sage a tout raté…
Il y a une sorte de dictat de la défonce, un commandement
qui n'est inscrit nulle part mais que tous et toutes ont en tête
: mets-toi minable ou crève.
Tout cela est fort bien montré, sans complaisance mais avec
un certain réalisme : il y a énormément de
bruit, d'agitation, d'hystérie collective, d'invectives,
de défis souvent absurdes. Les jeunes s'abordent les uns
les autres sans aucun tabou, mais les rencontres n'ont pour but
que le défoulement des corps, les sentiments n'ont pas lieu
d'être. Le récit suit les trois adolescentes dans ce
tourbillon parfois jubilatoire, parfois abject. L'une d'elles est
encore vierge et voudrait connaître une première expérience
sexuelle. Voudrait… ou pas. Comment être sûre,
comment découvrir cela avec sérénité,
comment savoir ce qu'on est prêt à accepter de l'autre
? Le propos est subtil sans être léger, le personnage
passe par des sentiments complexes, l'apparence n'est pas tout,
elle cache ses douleurs (l'actrice qui interprète la jeune
fille est formidable). Et parmi ceux qu'elle rencontre dans cette
grande foire du désir, il y a des doux et des prédateurs.
Ses deux amies participent elles aussi sans le vouloir au jeu cruel
et parfois dévastateur des premières expériences
sexuelles. Ce qu'elle vit pendant ces quelques jours est à
la fois libérateur et dramatique. Le film montre les ambiguïtés,
les peurs mais aussi les moments de grâce, et l'impensable.