C'est un Brizé sans Lindon.
Un Brizé sans conflit social, sans message politique. Un
Brizé tendance Je
ne suis pas là pour être aimé, où
il ne se passe pas grand chose, c'est à dire l'essentiel
entre deux êtres. C'est doux, délicat, universel malgré
la présence d'un personnage hors-sol (l'acteur célèbre)
et cela peut ennuyer ou bouleverser. La musique est signée
Vincent Delerm, et il y a un peu de son univers dans ce récit
distendu, des regards, des mots anodins, des silences, beaucoup
de silences, et puis des échanges qui sans en avoir l'air,
serrent la gorge, éparpillent les sentiments, font s'arrêter
le cœur quelques secondes et voir la vie tout à fait
autrement. Canet est discrètement drôle, son personnage
est en pleine déprime et il parvient à la faire ressentir
alors que le sourire n'est jamais loin. Et puis, il y a Alba Rohrwacher.
Elle incarne un personnage d'une grâce infinie. Le charme
indéfinissable d'une femme qui porte le poids de quelques
années, une mélancolie lumineuse, des milliers de
pensées dans ses yeux.
La mise en scène de Brizé prend le temps de tourner
autour de ces deux-là, c'est une toute petite danse triste
et joyeuse, pleine de micro détails, d'événements
dérisoires et d'images déchirantes. La caméra
est posée, se fait discrète, chaque scène semble
durer un tout petit peu trop longtemps, mais non, c'est le temps
réel des regards qui transpercent, des mains qui se frôlent,
des étreintes qui restent en mémoire une vie entière.
Encore un film de petits riens, qui font tout à la fois pleurer
et sourire.