Les opposants au film, le qualifiant
d’"anti-français", ne l’ont probablement
pas vu, comme finalement la majorité des censeurs ou de ceux
qui jugent les films sur des a priori. Le récit, s’il
écorne effectivement l’attitude de la France dans le
conflit qui amènera l’indépendance de l’Algérie
(mais il n’y a pratiquement rien de nouveau dans ce qui est
montré sur ce plan), s’attarde bien plus en profondeur
sur les actions du FLN ou de ceux qui s’en réclament.
Et tout n’est pas à leur avantage, loin s’en faut.
La polémique n’a donc pas lieu d’être, on
peut l’évacuer sans regrets.
Reste un film dit "historique", sur des évènements
qui ne sont pas souvent montrés dans le cinéma français.
Pourra-t-il intéresser les émigrés de la deuxième
génération (et de la troisième…) ? Pas
sûr, leurs problèmes sont tout autres, l’engagement
politique de leurs parents (ou de leurs grands-parents) leur paraîtra
sans doute tellement décalé par rapport à ce
qu’ils vivent que le film risque de passer à côté
de beaucoup de spectateurs potentiels.
Cinématographiquement, l’ensemble est particulièrement
décevant, déroulant avec application les clichés
du film d’époque, insistant lourdement sur les faits,
ne donnant que très peu de place à l’intime, comme
si les personnages n’étaient que des symboles. Les dialogues
très écrits n’ont aucune crédibilité
et la mise en scène, à force de vouloir aligner les
séquences d’anthologie, paraît d’une lourdeur
infinie qui finit par gommer tous les contrastes possibles.
Si l'objectif du film était de mettre en lumière de
façon originale et puissante une partie ignorée de l'Histoire
(de France ? on s'en moque un peu, en tous cas, du Monde) la mission
n'est pas remplie.
