Des hommes et des dieux

Xavier Beauvois

L'histoire

L'histoire s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.

Avec

Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach, Jacques Herlin, Loïc Pichon, Xavier Maly, Jean-Marie Frin

Sorti

le 8 septembre 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Crétins chrétiens

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Quand je vous dis club de foot...

 

D’avance, désolé (et pas pardon, hein…) pour ceux qui seront choqués par la critique, mais les cathos bien pensants, je connais, j’en ai fréquenté beaucoup il y a longtemps, je sais de quoi je parle…

Les ambiances unisexes, exclusivement masculines ou féminines (quoique pour ce cas de figure, je ne peux me fier qu’à des témoignages) sont assez lourdes, parfois même détestables. De toutes les façons, il manque toujours quelque chose… Clubs de foot, chambrées à l’armée ou monastères, on est finalement dans des tissus de relations humaines fabriqués sur les mêmes métiers. Auprès de ces hommes et de ces dieux, en plein Atlas, pas de femmes, ou alors réduites à l’état de figurantes, et encore moins de déesses. C’est donc une ambiance virile, sans voix langoureuses, sans rapports de de séduction, sans amour (ah, si, il y a l’amour de Dieu, purement imaginaire pour le spectateur athée). Toutes ces absences lassent assez vite, l’émotion reste au ras des soutanes, les chants religieux interminables ont un caractère répétitif exaspérant. Toute l’action (peut-on parler de suspense ? Tout le monde connaît la fin de l’histoire) se concentre sur la question posée par les menaces terroristes qui entourent le monastère : faut-il rester et servir de cible idéale aux islamistes, ou bien s’en aller en laissant les villageois sans toutes les aides que les moines leur apportent ? La façon dont les frères en débattent et les décisions qu’ils finissent par prendre montrent que malgré leur présence dans le monde réel (ils travaillent, produisent, sont confrontés à de nombreuses contingences matérielles), ils naviguent volontairement dans une sorte de brouillard mystique, en dehors des réalités politiques. Ce pourrait être acceptable s’ils n’intervenaient pas sur le cours des évènements, même sans le vouloir vraiment. En allant au bout du raisonnement, ce n’est qu’une bande d’illuminés inconséquents…
Leur bonté, leurs voix douces, leur écoute bienveillante, leur disponibilité, tout est montré pour qu’ils passent pour des saints, des êtres exceptionnels. Bien sûr, ils ont peur, ils doutent, ils sont au bord du renoncement mais au final on peut sentir les auréoles au dessus de leur têtes. Et c’est absolument insupportable. Une fois de plus, sans en avoir l’air, tous ces bons chrétiens renvoient aux spectateurs une impression de culpabilité, comme si ces moines nous disaient, et vous, en pareil cas, qu’auriez-vous fait ? Si vous dites, nous serions restés, ils vous acceptent avec un sourire léger en apparence, d’une lourdeur infinie en réalité. Au passage, ils vous font partager leur repas et vous pouvez déguster un bon Bourgogne en écoutant le lac des cygnes (oui, oui, celui de Tchaïkovski), scène assez poilante où l’on se dit que leur vie ne doit tout de même pas être follement excitante pour qu’ils se mettent dans des états pareils pour si peu…
Si au contraire, votre décision penche vers un départ de cet asile d’écervelés, ils sont capables de vous renvoyer le même sourire (vous voyez ? léger et lourd à la fois) avec une nuance terrible, qui inclut le pardon, la compréhension et tous ces machins doucereux qui au bout du compte vous font comprendre que vous ne ferez pas partie des élus… Et bien finalement, ouf, vous préférez rôtir en enfer que passer votre temps à échanger des regards bienveillants sans jamais avoir la possibilité de dire des gros mots (et d’ailleurs, dans le film, le seul qui en dit un finit par se repentir et rejoint le troupeau).
Le seul personnage qui fasse un peu moins "frère" que les autres, c’est celui joué par Lonsdale, plus médecin que moine, plein d’ironie et au regard (un peu) décalé. Pour lui, on reste jusqu’au bout et c’est à lui qu’on doit quelques éclairs jouissifs dans ce cloaque anesthésiant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires pour ce film

Je suis allée voir des hommes et des dieux en compagnie du tout Brive cul-bénit (et ça fait du monde) bof bof, pas d'émotion pour moi mais j'ose à peine l'écrire. Une belle scène gâchée par le lac des cygnes un peu too much, alors que Beethoven porte merveilleusement la bande annonce et donne envie de le voir.

Elisabeth S, le 8 septembre 2010


J'ai apprécié la scène du partage du vin où les pensées profondes se lisent dans les portraits si parlants. Le film rend bien l'âme de ce monastère perdu dans l'Atlas ou l’hospitalité et le partage vis à vis des pauvres et des étrangers est la règle. Un beau message d'humanité en ces temps de violence et de haine, des chants contre des armes, faut-il partir, faut-il rester ?

Dominique P, le 13 septembre 2010


Comme Alain le sait déjà, sa critique m'a énervée. Trop de parti pris et au final, un film qui sera entièrement décodé à travers le prisme d'une laïcité prenant ses sources dans un anticléricalisme avéré. Je ferais cependant remarquer qu'à ma grande surprise, ce film a reçu le prix de l'Education Nationale et je ne pense pas avoir rêvé !
J'assume, j'ai ressenti une forte émotion et beaucoup de tension à voir ce film. L'imbrication de la vie spirituelle (quels que soient les rites) et la relation aux femmes et hommes du village m'ont convaincu de l'intérêt de cette expérience monastique si particulière.
Je n'y vois ni intolérance, ni ostracisme mais un profond respect des autres. Il y a de la fraternité, de la solidarité (devise républicaine ?). Frère Luc est un personnage magnifique, parce que c'est Mickaël LONDSDALE qui l'incarne mais aussi parce qu'on ne peut pas nier que ces figures humanitaires incarnent l'espérance en la faculté de l'Homme à aimer.
La tension est perceptible tout au long du film, le doute inhérent à la Foi omniprésent, le cheminement de chacun, l'échange autour d'une table, tout cela est formidablement filmé. Cela m'a renvoyé à un souvenir cinématographique lointain, "Thérèse" d'Alain Cavalier. Il y a quelque chose de dépouillé, minimaliste que j'apprécie dans ces deux films.
Nul ne peut être insensible à ce message de tolérance, à cette attention aux autres et le réalisateur ne filme jamais les moines comme des martyres mais comme des hommes fidèles à leurs engagements religieux (on dit les voeux chez les Chrétiens !). "Ta vie, tu l'as déjà donnée" dit l'un des Moines et ce film nous permet surtout d'assister à une expérience humaine qui donne à voir comment l'amour de Dieu et l'amour du prochain sont totalement indissociables dans cette histoire-là.
La communauté prend là tout son sens et c'est ensemble qu'ils n'abandonneront pas les villageois par solidarité, fraternité et au nom de la liberté.

Monique L., le 29 octobre 2010


Petite entrée en matière: j'habite aux portes d'une grande ville très largement pourvue en cinémas, arts et essais, gaumont, pathé, tout ce qu'on veut. Le film en question passe dans au moins 4 salles depuis sa sortie. La petite ville où j'habite, à 8km de la grande, compte également un ciné qui reprend avec quelques semaines de retard les sorties nationales. Eh bien, c'est la 1ere fois que pour les 4 séances programmées durant le week-end, le cinoche était plein à chaque fois. Ville de culs-bénis ou de gens curieux... ???
En tout cas, j'ai trouve le film plutôt pas mal. Pas un chef d'oeuvre, pas le film du siècle mais une belle histoire de don de soi, de doute, de spiritualité et d'attachement à une terre et ses hommes. J'ai plutôt pour habitude de bouffer du curé, mais là, non, ce n'est vraiment pas la question. C'est plutôt celle de gens qui ont trouvé leur place, qui y font le bien et qui devraient suivre des injonctions qui ont bien peu à voir avec une quelconque foi. Ils ont le courage de dire "pas question et pourtant - n'étant pas Bruce Willis ou un bête américain sûr de son bon droit, je suis pêté de trouille".
C'est parfois maladroit (la scène sur fond de lac des cygnes, bof) mais c'est un beau film.


Marie A, le 3 novembre 2010

 

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