De la veine de "Match
Point", le dernier Woody Allen ? Il y a effectivement dans
le scénario quelques correspondances, quelques ressemblances,
à commencer par l'aspect comédie criminelle, qui peut
basculer à tout moment dans la tragédie. Mais dans
"Match Point", il y avait une ambiguïté délicieuse
et la sensualité dévastatrice de Scarlett Johansson.
Ici, dans le rôle de la très jeune femme, c'est Emma
Stone qui a pour elle un regard pétillant, pas mal de fantaisie
mais qui ne sort jamais de son innocence un peu gnangnan.
Toute la première partie, nécessaire à la mise
en place des personnages, mais presque pas de l'intrigue, est très
académique, descriptive, lente, répétitive,
ennuyeuse. Lorsqu'enfin, le professeur joué par Joaquin Phoenix
sort de son enveloppe de prof déprimé et donneur de
leçons pour se lancer dans une entreprise criminelle, le
rythme accélère et on s'attend à ce que cela
devienne jouissif, et totalement incorrect. Mais le récit
reste très sage, les dialogues n'ont pas de double sens,
tout tourne bien trop rond (comme le ventre de Joaquin Phoenix)
pour créer de l'excitation. Les acteurs font le job, sans
plus, Emma Stone se contente d'ouvrir plus ou moins les yeux en
fonction de son état de surprise, d'agacement ou d'indignation.
La fin est plus ou moins prévisible, tout pourrait arriver.
Ce que Woody Allen choisit au bout du compte est très moralisateur
et déçoit quelque peu.
