L’homme d’à côté *

Gaston Duprat, Mariano Cohn

L'histoire

Leonardo fait partie des designers en vogue de son pays. Signe évident de sa réussite, il vit avec son épouse Ana et sa fille Lola dans la maison Curutchet, seule maison construite par Le Corbusier en Argentine. Un matin, il est réveillé par un bruit obsédant, comme si on perçait un mur ...

Avec

Rafael Spregelburg, Daniel Araoz, Eugenia Alonso

Sorti

le 4 mai 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L’abruti branché et le gros lourd

 

Ce qu’il est (parfois) réjouissant de voir deux abrutis s’affronter… Le premier est celui dont le récit suit le point de vue. Il est designer, branché, à la pointe de tout, pédant, et il porte sa bonne conscience en étendard. Il habite dans une villa signé Le Corbusier, et malgré son aisance de vie matérielle, pour rien au monde on aurait envie d’être à sa place, sa fille le déteste, sa femme est une casse-bonbons certifiée, et comme il dit du mal de ses amis, on imagine qu’ils en font de même. Et puis sa villa, franchement, elle a beau être l’œuvre d’un architecte de renom, elle est chaleureuse comme un congélateur vide.
L’autre abruti est le voisin du premier, c’est un gros lourd, vulgaire, sûr et content de lui, n’hésitant pas à montrer ses gros muscles graisseux pour se faire entendre. Ses goûts sont immondes… selon son voisin (on peut dire qu’il n’a pas tort, sur ce plan-là).
Le différent qui les réunit aussi bien qu’il les fait s’affronter n’a pas une importance énorme, c’est juste une fenêtre, une ouverture impossible qui crée un vis-à-vis incroyablement proche, et complètement inimaginable pour l’abruti branché. Il s’agit bien sûr de montrer la différence sociale, intellectuelle, culturelle, chacun ayant des valeurs diamétralement opposées.
Mais il y a aussi une description plutôt juste des rapports de pouvoir qui s’instaurent entre deux personnes : la façon dont l’un domine l’autre, les lâches arrangements de celui qui se trouve dominé pour sauver les apparences avec son entourage, les tentatives dénuées de tout courage pour retourner la relation…
C’est souvent drôle, incisif, amer, très ironique, d’une méchanceté redoutable, personne n’est épargné. Mais c’est aussi un peu long : la situation n’évoluant pas beaucoup, quelques scènes semblent répétitives. De plus, les deux personnages, formidablement bien joués (tout s’oppose, les discours, les corps, les postures, les voix…), finissent par tomber dans la caricature : on y perd en crédibilité ce qu’on gagne en humour acide. Il n’empêche, ça faisait longtemps qu’un film n’avait pas autant stigmatisé la crétinerie, déclenchant les rires et aussi le malaise : on se reconnaît parfois soi-même dans l’un ou l’autre de ces deux imbéciles.

 

 

 

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