Dès qu’un film a pour cadre une petite ville de province,
on pense à Chabrol et à sa petite musique de chambre,
un peu dissonante dans ses dernières œuvres.
Cette petite production française bénéficie d’un
scénario riche, à plusieurs lectures, intéressant
socialement, entremêlant énigme policière, enquête
sur un secret de famille, comédie familiale… Mais la
mise en scène semble hésiter, n’arrivant pas à
faire prendre la sauce entre l’aspect sombre de l’affaire
et ses à-côtés plutôt drôles, laissant
les acteurs faire leur numéro en roue libre, chacun à
leur tour. Si Chesnais et Prévost assurent assez correctement
leur couple ambigu de vieux garçons ne pouvant pas se supporter
et ne pouvant pas non plus vivre leur vie l’un sans l’autre,
Alexandre Astier est insupportable, complètement hors du film,
potache, amateur au mauvais sens du terme. Judith Godrèche
erre comme une âme en peine, se demandant si elle doit jouer
la godiche complète ou l’apprentie enquêteuse plus
ou moins maligne.
La musique, les cadrages, les lumières et même la prise
de son participent à cette étrange ballet sans chorégraphie,
se perdant en anecdotes, lorgnant parfois vers un intellectualisme
fade, tombant à d’autres moments dans une grande facilité.
Toutes ces imprécisions font effectivement penser à
Chabrol, pour son côté bâclé, très
inégal pour ce qui est de la clarté du récit.
On ne ressent pas de frissons, de réelle inquiétude
pour ces personnages, qui, sans verser dans les clichés, tournent
un peu à vide, comme si le potentiel du scénario initial
était anéanti, par manque d’ambitions, avec le
souci d’en faire une petite chose montrable en prime time, un
soir sur la télé publique…
À force de tergiverser, d’essayer d’être
drôle tout en déroulant une histoire somme toute plutôt
tragique, le réalisateur perd le rythme et accumule les scènes
vides, toutes molles, avec juste parfois le petit plaisir de voir
et d’entendre Chesnais s’engueuler avec Prévost.
C’est tout de même très mince.