Splendeur annoncée
par les critiques, Holy Motors est finalement…un film à
sketches, un peu répétitifs, sortes d'hommages au cinéma,
très référencés et plus étranges
que véritablement surprenants. Monsieur Oscar (Denis Lavant,
omniprésent et gardant toujours la même tête d'illuminé
ridé malgré les multiples métamorphoses) a un
drôle de métier. Mais est-ce vraiment un métier
? il se promène dans les rues de Paris, sur la banquette d'une
limousine conduite par Edith Scob, et va de rendez-vous en rendez-vous…
Ceux-ci constituent des courts métrages à part entière,
presque indépendants les uns des autres. Monsieur Oscar se
maquille, se déguise, et joue un rôle, à chaque
fois différent. Il est tour à tour banquier se déguisant
en mendiante, vieil homme mourant veillé par une jeune femme
qui lui déclare son amour, acteur de motion capture (là,
Denis Lavant doit être doublé, ou bien il a fait une
formation expresse en sauts ultra périlleux), monstre éructant
mangeur de fleurs (et de doigts, à l'occasion) capturant Eva
Mendes drapée d'une robe super glamour, père fatigué
venant chercher sa fille adolescente et mal dans sa peau à
la fin d'une fête (bel alignement de clichés), etc.
Au bout d'un moment, on aimerait que cette succession de scènes
plus ou moins bizarres se brise, s'envole, progresse vers non pas
une explication, mais au moins une éclaircie, ou bien que l'on
passe à quelque chose de totalement onirique et poétique,
que l'on oublie cette affreuse limousine et ces voyages inutiles (bouche-trous
?) dans Paris. Mais il n'en est rien, et le récit, puisque
récit il y a, tourne au procédé. A chaque nouveau
rendez-vous, à chaque nouveau maquillage, on sent le réalisateur
nous glisser quelque chose comme "vous allez voir ce que vous
allez voir…" En bout de course, on a vu, et à quoi
bon ? Le propos reste obscur, regrets d'un cinéma d'antan,
ou critique d'un monde où l'on rêve moins, ou télé-réalité
poussée à l'extrême, ou encore tout autre chose,
rien n'est certain et au fond ça n'a sans doute pas d'importance.
Mais on est bien loin de la splendeur annoncée, plus près
d'une amusette de réalisateur qui se dit maudit et qui fait
tout pour rester hors normes, ne convainquant finalement que les critiques
et égarant en route une bonne partie des spectateurs.